Le Chef de service Pédopsychiatrie de l'Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) de Constantine, le Pr. Idriss Teranti a appelé à la mobilisation de moyens humains et matériels et la mise en place de réseaux spécialisés dans la lutte contre les violences faites aux enfants. "Les moyens mis en place actuellement pour la prise en charge de ce phénomène sont insuffisants, ce qui fait que la majorité des victimes qui se présentent pour suivre un traitement ne reviennent plus", a déclaré à l'APS le Pr. Teranti soulignant la nécessité d'une volonté politique de soutien à ces moyens. Pour ce spécialiste, l'absence de mécanismes et de réseaux complémentaires en matière de lutte contre les agressions contre les enfants, pèse sur les parents dont les enfants portent les séquelles. Les violences faites aux enfants "ne sont pas un motif en soi" incitant à aller voir un médecin, a ajouté le Pr. Teranti indiquant que "souvent, cette violence faite à l'enfant est découverte lors de la consultation lorsque le médecin constate des traces physiques apparentes ou psychiques refoulées". "Il est difficile de prendre en charge les cas d'enfants violentés au sein de la famille", a-t-il indiqué rappelant les divers problèmes dont souffrent certaines familles algériennes. Pour traiter les séquelles des violences faites à l'enfant, l'intervenant a souligné la nécessité de "punir les coupables pour permettre à l'enfant de reprendre confiance en lui-même". De son côté, Mme Zineb Benkhrouf, pédopsychiatre à l'EHS Frantz Fanon (Blida) a indiqué que les agressions sexuelles venaient en tête des atteintes faites aux enfants traités au sein de son établissement soulignant la nécessité d'approfondir les études et les données collectées au niveau national. La maltraitance des enfants "n'est pas facilement décelable" au sein des famille alors que les agressions sexuelles qui étaient un sujet tabou par le passé, sont aujourd'hui déclarées, a-t-elle ajouté. Ces agressions sexuelles sont, en grande majorité, le résultat d'un malaise social et de l'impact subi des évènements de la décennie noire en plus de la propagation de la consommation de drogue, a poursuivi Mme Benkherouf. Dans ce contexte, l'intervenante a salué la prise de conscience des citoyens qui se présentent de leur propre gré chez le psychologue déplorant, toutefois, les lacunes enregistrées en matière de formation. Par ailleurs, le Chef de service "Urgences psychiatriques" au CHU Lamine Debaghine, M. Abdelhak Benouiche a déploré le peu d'intérêt accordé à la detresse morale de l'enfant et de l'adolescent saluant le rôle joué par le défunt Mahfoud Boussebsi dans ce domaine. Feu Boussebsi avait mis en garde contre une "véritable catastrophe" du fait de la négligence de la santé mentale des enfants lors de la décennie noire, a rappelé M. Benouiche. L'intervenant a cité l'expérience du service psychiatrie du CHU en matière de prise en charge de la santé mentale des enfants ajoutant que cette initiative avait échoué alors en raison de nombreux obstacles.