Deux importants syndicats ont rejoint mercredi le mouvement de manifestations qui secouent la Turquie depuis vendredi et ayant fat trois morts et 2.200 blessés lors d'affrontements avec les forces de l'ordre, selon les organisations de défense des droits de l'Homme et les syndicats de médecins des villes d'Istanbul et Ankara. La Confédération des syndicats du secteur public (KESK) et la Confédération syndicale des ouvriers révolutionnaires (DISK) ont annoncé pour la mi-journée des marches de protestation et des grèves dans les grandes villes du pays. Le vice-Premier ministre turc, Bulent Arinç devait rencontrer à la mi-journée à Ankara des responsables du collectif de défense du parc Gezi, ce jardin public proche de Taksim dont le projet de destruction a été à l'origine des manifestations. "Nous voulons des excuses du Premier ministre Erdogan. Nous voulons la libération des personnes qui ont été arrêtées. Nous voulons la démission du gouverneur d'Istanbul, du chef de la police et du Premier ministre", a déclaré mercredi Kerem Aligil, un manifestant étudiant. "Nous voulons tout ça et ensuite seulement nous envisagerons de ne plus manifester", a-t-il ajouté. Les représentants de la contestation en Turquie ont, quant à eux, réclamé au gouvernement le renvoi des chefs de la police de plusieurs villes du pays. "Les responsables de la police qui ont donné l'ordre de ces violences (...) doivent être renvoyés", a indiqué à la presse un porte-parole, des représentants de la contestation Eyüp Mumcu, à l'issue d'une rencontre à Ankara avec le vice-Premier ministre. Ces représentants -issus de la société civile- ont remis au gouvernement une liste de revendications, dont la "remise en liberté de tous les manifestants interpellés depuis le début du mouvement" et "l'abandon" du projet de réaménagement urbain controversé de la place de Taksim d'Istanbul, qui a allumé le feu de la contestation, a précisé M. Mumcu, de la chambre des architectes d'Istanbul. Les protestataires demandent aussi que la police n'utilise plus de gaz lacrymogènes, ainsi qu'un meilleur respect de la liberté d'expression en Turquie. M. Mumcu a souligné que la réponse du gouvernement à ces demandes déciderait de la suite du mouvement de protestation. Un troisième mort en six jours Un troisième turc a succombé mercredi à ses blessures, lors du mouvement de protestation qui secoue plusieurs villes turques depuis vendredi. Citée par le quotidien "Hurriyet Daily News", l'Association des médecins turcs (TTB) a annoncé ce nouveau décès après la réunion du vice-président turc avec des représentants des protestataires. Deux autres personnes avaient trouvé la mort au cours de ces derniers jours dans ces manifestations sans précédent, qui ont commencé par un petit sit-in contre le déracinement des arbres d'un parc de la place Taksim, en plein centre d'Istanbul, dans le cadre d'un projet urbanistique, qui a dégénéré, suite à une intervention des forces de l'ordre, en un mouvement de contestation général contre le gouvernement et ses politiques. Un premier manifestant avait trouvé la mort dimanche dernier après avoir été percuté par une voiture. Une deuxième personne est décédée lundi soir dans un rassemblement à Hatay, près de la frontière avec la Syrie, de plusieurs "coups de feu tirés par une personne non identifiée". Le gouvernement présente des excuses et appelle à la retenue En vue d'abaisser la tension, M. Arinç avait présenté mardi des excuses aux personnes blessées lors de ces manifestations lors d'un point de presse à l'issue d'entretiens avec le président Abdullah Gul axés sur l'évaluation de la situation suite aux manifestations sans précédent dirigées contre le gouvernement du Parti de la Justice et du Développement (AKP, au pouvoir). "Je présente mes excuses à tous ceux qui ont été victimes de violences, parce qu'ils sont sensibles à la défense de l'environnement", a déclaré à la presse Arinç, qui occupe également le poste de porte-parole du gouvernement. Le gouvernement turc respecte les "différents modes de vie" de tous les citoyens, a-t-il précisé, ajoutant que "les différences constituent la plus grande richesse de la Turquie (...).Notre gouvernement respecte et est sensible aux différents mode de vie". Le responsable turc a reconnu, par ailleurs, que l'utilisation de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre contre les manifestants était à l'origine des dérapages. Le vice-Premier ministre turc avait, en outre, appelé les Turcs à cesser leur mouvement de protestation. Le mouvement de protestation contre le gouvernement turc, qui se poursuit depuis six jours, s'est durci avec l'annonce d'un mot de grève générale de 48 heures lancé par la puissante confédération des syndicats du secteur public (KESK) et la mort de deux personnes. La situation restait vive et des affrontements entre la police et les manifestants ont été signalés aussi bien à Istanbul, que dans la capitale Ankara et la ville d'Izmir (Ouest), avec usage de gaz Lacrymogènes et de canons à eau pour disperser les foules. Le porte-parole du gouvernement a fait état mardi de "plus de 300" personnes blessées dans des affrontements violents entre la police et les manifestants depuis le début du mouvement de protestation antigouvernemental.