De nouveaux projets d'expansion de colonies dans le nord de la Cisjordanie occupée attestent une fois de plus de l'absence de volonté politique de l'Etat hébreu de permettre la relance des pourparlers de paix israélo-palestiniens, à l'arrêt depuis fin 2010. Les autorités israéliennes projettent la construction de 538 nouveaux logements dans une colonie de Cisjordanie, alors qu'une demande de légalisation de 137 unités déjà construites a été transmise aux autorités locales cette semaine, ont rapporté jeudi des médias israéliens. Avec ce nouveau projet, la taille de cette colonie au sud-est de Naplouse et entourée de villages palestiniens, serait multipliée par cinq. Aussi, l'Etat hébreu examine un projet de construction de 550 autres nouvelles unités dans une colonie sauvage légalisée rétroactivement en avril 2012. Face à ces atteintes aux droits palestiniens, le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki, a jugé, lors d'un entretien mercredi à Ramallah (Cisjordanie) avec le ministre britannique chargé du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord Alistair Burt, que "les autorités israéliennes répondent aux tentatives des Etats-Unis de relancer le processus de paix israélo-palestinien par l'intensification de ses activités de colonisation sur les territoires palestiniens. "Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu répond aux tentatives du secrétaire d'Etat américain John Kerry par la multiplication de ses activités illégales de colonisation des territoires palestiniens occupés", a insisté M.al-Maliki. Pour la communauté internationale, toutes les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés sont illégales, qu'elles aient ou non été autorisées par le gouvernement israélien. Plus de 360.000 colons israéliens vivent en Cisjordanie occupée et quelque 200.000 dans des quartiers de colonisation à El-Qods-Est occupée. Absence de réelle volonté politique d'Israël pour la relance des négociations L'annonce de ces nouvelles constructions illégales intervient alors que le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui a annulé une visite prévue cette semaine au Proche-Orient, tente de relancer les négociations de paix israélo-palestiniennes, au point mort en raison de la poursuite des activités de colonisation. Le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki avait affirmé que John Kerry serait "de retour dans la région les 13, 14 et 15 du mois" pour rencontrer les dirigeants israéliens, palestiniens. Le département d'Etat américain n'avait pas confirmé cette visite, affirmant que le secrétaire d'Etat retournerait dans la région au moment où il le jugerait utile pour favoriser la reprise de négociations de paix, à l'arrêt depuis fin 2010 en raison de la poursuite de la colonisation. Suite à cette annulation, un membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hanane Achraoui, a estimé que "si Kerry veut influer sur ce qu'il se passe sur le terrain, il doit tenir tête à Israël. Jusqu'à présent il n'y a pas de volonté politique d'empêcher Israël de poursuivre ses actions" de colonisation. "Si l'on poursuit dans cette voie consistant à exiger davantage de concessions des Palestiniens et des Arabes, tout en faisant des cadeaux à Israël, Kerry échouera comme cela est toujours arrivé", a-t-elle déclaré. Le président palestinien Mahmoud Abbas pose comme préalable au retour aux négociations avec Israël un gel total de la colonisation israélienne et une référence aux lignes d'avant l'occupation israélienne des Territoires palestiniens en juin 1967 comme base de discussions. Négociations de paix israélo-palestiniennes : "illusoires" et "inutiles" Les pourparlers de paix israélo-palestiniens sont "illusoires" et "inutiles", ont jugé les avocats palestiniens du boycottage de l'occupation et la colonisation israéliennes. Les pourparlers de paix "sont absolument inutiles et servent à Israël d'écran de fumée pour continuer sa colonisation", a déclaré un animateur de la "Campagne internationale BDS" ("Boycott, désinvestissement, sanctions"), Omar Barghouti en marge de la conférence annuelle du BDS tenue samedi dernier à Beitlehem, en Cisjordanie, ajoutant "nous n'avons aucune confiance, et je crois pouvoir parler pour la majorité des Palestiniens, dans les soi-disant négociations". Des dirigeants du BDS ont appelé la direction palestinienne à "ne pas jouer le rôle de médiateur" mais à œuvrer à l'imposition de sanctions contre l'occupant israélien. Aussi M. Barghouthi, un député indépendant, a ajouté que les militants déplorent les "hésitations" d'acteurs, comme l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis, à prendre des mesures concrètes. Jeudi dernier, l'Organisation internationale du Travail (OIT) a indiqué que la poursuite de l'occupation et de l'expansion des colonies israéliennes empêche l'économie palestinienne de progresser, exhortant Israël à lever totalement les restrictions afin de permettre à l'économie palestinienne de croître et de créer des emplois décents. En outre, il a estimé que "les Etats-Unis ne font pas pression sur la bonne partie. Ils devraient faire pression sur Israël, sinon rien ne bougera". Un représentant de l'ONU sur les droits de l'Homme en Palestine, Richard Falk, avait pour sa part dénoncé "46 années de déni des droits palestiniens" et demandé au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU une enquête sur les milliers de Palestiniens détenus ou incarcérés par Israël. M. Falk, avait en outre affirmé que ni Israël ni ses soutiens ne peuvent justifier les violations des droits des Palestiniens, ajoutant que la tactique utilisée pour détourner l'attention de la communauté internationale consiste à ''fausser et à diffamer''.