L'école reste le lieu privilégié pour la sensibilisation des enfants contre les crimes et de la délinquance, a affirmé le directeur de l'évaluation et de la prospective au ministère de l'Education nationale, Chaibe Ddra Tani Mohamed. "Le personnel de l'éducation (enseignants, administrations et personnels de soutien) doivent être plus vigilants et plus attentifs aux risques potentiels encourus par les élèves à l'intérieur et à l'extérieur de l'école, qui reste le lieu privilégié pour la sensibilisation, l'information et l'orientation des crimes et de la délinquance", a indiqué M. Chaibe Ddra dans un entretien à l'APS. Il a estimé que l'enseignant doit initier des débats et des cours interactifs portant sur un certain nombre de fléaux et amener les élèves à échanger leurs avis sur les sujets traités et envisager ensemble des solutions aux problèmes posés. Cet enseignant doit également favoriser et faciliter les relations entre les parents et l'école par une coopération active qui mène à la réussite des enfants. Un dispositif national de protection de l'enfance Instauré récemment dans le cadre de lutte contre le crime et la délinquance suite au récents enlèvements d'enfants enregistrés en Algérie, M. Chaibe Ddra a souligné que le dispositif national de protection de l'enfance "doit nécessairement être multidimensionnel et global". Cet instrument "doit couvrir tous les champs et prendre en compte tous les moments de la vie de l'enfant, ainsi que son contexte", a-t-il fait savoir, ajoutant que cela requiert, par conséquent, une "complémentarité" des acteurs et des actions. Ce dispositif "doit prévenir, le plus en amont possible, les risques de mise en danger de l'enfant", a soutenu le même responsable. "Pour garantir une action pertinente, cohérente et pérenne dans ce cadre, il est nécessaire d'amener les acteurs à travailler dans la complémentarité et tendre à une meilleure cohérence des différents dispositifs", a-t-il recommandé. Evoquant le rôle des professionnels en charge de la prévention , M. Chaibe Ddra a estimé que leur rôle consiste à inciter les parents à porter une attention à leurs enfants et à les protéger contre d'éventuels risques en favorisant le dialogue et l'écoute et en élaborant des réponses pouvant aider l'enfant en cas de difficultés. Les enseignants, au même titre que les autres acteurs, sont appelés à contribuer aux actions de prévention et de dépistage des troubles du comportement. Dans ce contexte, la consultation des médecins chargés de la santé scolaire "ne doit plus se limiter à l'aspect purement médical", a précisé le directeur pour qui l'entretien avec un médecin "peut être une opportunité pour faire parler l'enfant de ses difficultés et constitue, ainsi, l'occasion d'aborder plus largement son contexte de vie, ses relations avec ses parents et avec son entourage". L'importance de bâtir l'action de prévention sur une relation de confiance entre les intervenants et les familles, a été, en outre, évoquée par le responsable du secteur de l'éducation. Selon lui, cette relation facilite le suivi, l'aide et l'accompagnement des enfants. Considérer la situation de l'enfant dans toute sa dimension Les propositions relatives aux mesures d'urgence à prendre en matière de lutte contre le phénomène de crimes perpétrés contre les enfants "doivent guider toutes les décisions le concernant", a indiqué M. Chaibe Ddra. Il a estimé que cette approche globale permet de "mieux identifier d'éventuelles difficultés de l'enfant" et d'"apporter une réponse adaptée". Les actions de prévention sensibilisent davantage l'enfant et l'amènent à devenir acteur de sa propre prévention, a-t-il relevé, précisant que l'enfant est amené à "mieux connaître et comprendre les enjeux, les contraintes, les limites et les interdits". De ce fait, plusieurs dispositions ont été prises, selon le même responsable, pour lutter conte ce phénomène, en vue de favoriser et faciliter les relations entre les parents et l'école par une coopération active qui mène à la réussite des enfants. En effet, les horaires sont aménagés pour permettre aux parents de rencontrer les personnels de l'éducation, afin d'évoquer toutes les questions relatives à la scolarité de leurs enfants. Il est aussi question de respecter la réglementation en vigueur régissant le fonctionnement interne de l'établissement scolaire, de communiquer l'emploi du temps aux parents et les informer de tout changement et d'être plus attentifs aux absences et retards des élèves. Dans ce sens , l'établissement scolaire est dans l'obligation de contacter d'urgence les parents et, réciproquement, les parents sont tenus d'aviser et de justifier les retards et absences de leurs enfants", a insisté le même responsable. Il a également relevé la nécessité de ne pas libérer les élèves en cas d'absence d'un enseignant, d'instaurer le système de permanence y compris dans les écoles primaires et d'éviter de laisser les élèves traîner ou trop attendre devant l'établissement. Parmi les dispositions, il a été cité, entre autres, le respect des horaires d'entrée et de sortie des élèves par les parents et les élèves. A ce sujet, M. Chaibe Ddra a affirmé que "la meilleure assurance pour les parents, c'est d'accompagner leurs enfants jusqu'au portail de l'établissement scolaire". "Signaler tout individu suspect en utilisant les numéros verts par les élèves reste une des meilleurs solutions pour lutter contre le phénomène, en plus de l'amélioration et la réorganisation du temps scolaire en limitant les déplacements vers l'école, ainsi que la généralisation des cantines scolaires et les demi-pensions. Le plan relatif à la protection de l'enfance préconise, d'autre part, de rendre les activités périscolaires obligatoires dans chaque établissement, d'améliorer la sécurité à l'intérieur et à proximité des établissements scolaires en valorisant la fonction d'auxiliaire de vie scolaire et d'augmenter le degré de vigilance aux heures de rentrée et sortie des élèves. Le volet relatif à la sensibilisation dans les écoles demeure "très important" et doit se faire de façon concertée avec les autres acteurs, à travers l'organisation de tables rondes, de conférences et la distribution de brochures, et d'affiches. Le même responsable s'est dit, par ailleurs, "convaincu" que ce dispositif nécessite l'aide et le soutien des autres secteurs, notamment par l'affectation de personnels qui renforceraient le corps des auxiliaires de la vie scolaire. Un groupe de travail, supervisé par le ministre de l'Intérieur, a été récemment installé. Il regroupe des représentants des secteurs de la Santé, la Justice, l'Education, la Famille, Les Sports, la Gendarmerie et la Police, ainsi que des représentants de la société civile. Le groupe est chargé d'élaborer, "dans les plus brefs délais", des mesures d'urgence pour lutter, "de manière efficace", contre ce genre de crimes. Il est chargé également d'appréhender les mobiles socio-psychologiques à l'origine de ce fléau, de formuler une série de solutions et de propositions à même de garantir la prévention, la sensibilisation autour de cette question, ainsi que des procédures pénales sévères pour y faire face.