Le Forum économique et social du cinquantenaire de l'indépendance entame ses travaux mardi à Alger avec comme principal objectif d'identifier les grandes lignes du développement socio-économique de l'Algérie au delà de l'horizon 2015. Organisée à l'initiative du Conseil national économique et social (CNES), cette rencontre vise à "construire une plate-forme consensuelle" pour un mode de développement durable pour l'Algérie post 2015, a déclaré à la presse le président du Conseil, Mohamed-Seghir Babès. Les points importants sur lesquels seront axées les interventions des participants portent sur la recherche des moyens de satisfaire aux besoins de la population en matière d'emploi et d'imprimer un rythme plus soutenu à la croissance économique, selon le même responsable. Les participants au forum sont invités à expliciter leurs propositions dans ces deux domaines lors des ateliers qui plancheront sur le rôle de l'entreprise dans la croissance et sur le capital humain. Le CNES ne compte pas parvenir aux résultats escomptés sans procéder au préalable à l'élaboration d'un bilan sans complaisance sur les efforts de développement des 50 dernières années. A travers ce bilan, le CNES, plus haute institution consultative du pays, espère mettre le doigt sur tous les phénomènes bloquant la réalisation des objectifs de développement visés. La bureaucratie et la corruption seront ainsi abordées lors de cette rencontre afin de trouver les meilleurs moyens de "les dénicher", selon les termes de M. Babès. Ce n'est qu'une fois que ce travail de "débusquer les multiples distorsions et dysfonctionnements" effectué que le cap pourra être mis sur la création des conditions d'un "nouveau modèle de croissance économique" et "la rénovation en profondeur des systèmes de gouvernance". Au niveau du gouvernement, le Premier ministre, M. Abdelmalek Sellal, a signifié son intérêt à l'initiative du CNES en participant samedi à l'ouverture des travaux de son bureau consacrés à la préparation du forum. M. Sellal avait mis l'accent sur la nécessité de recouvrement de "la base industrielle de l'Algérie" pour parvenir à créer davantage d'emplois et à accélérer le rythme de la croissance économique. Ces orientations précédant le début de la réflexion engagée par le CNES sur l'avenir du pays sont émises dans un contexte régional caractérisé par des menaces aux frontières du pays, conjuguées à un recul de ses revenus pétroliers et une baisse "substantielle" de la balance des paiements, selon le bilan de la Banque d'Algérie. Ces éléments ont contribué à plomber les réserves de change, ce qui a fait dire, la semaine dernière, au gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Mohamed Laksaci, que l'économie est face à un choc externe similaire à celui de 2009. La baisse des prix du brut sur le marché international a sensiblement réduit les recettes d'hydrocarbures de l'Algérie de plus de 3 milliards de dollars rien que pour le 1er trimestre 2013, ce qui rappelle la nécessité de trouver des moyens de diversifier l'économie pour réduire cette dépendance aux hydrocarbures, estime le CNES. Le deuxième facteur ayant influé négativement sur l'économie de l'Algérie est celui du taux d'inflation établi en moyenne annuelle frôlant les 10% en 2012 avec l'espoir de le réduire aux alentours de 5% en 2013. Partant de ces constats, le CNES annonce que cette rencontre de trois jours offre un espace de concertation pour permettre à la nation "de reprendre son souffle pour un nouvel élan qui soit à la hauteur de ses ambitions légitimes" dont la matérialisation passe par l'élaboration d'un mode de développement durable pour l'Algérie post 2015. Le passage d'un modèle basé sur la distribution de la rente à un pacte de croissance réduisant cette "excessive dépendance à l'égard des hydrocarbures", est prôné par le CNES.