Le parti de la liberté et la justice (frères musulmans) au pouvoir en Egypte a salué la déclaration du ministre de la Défense, Abdelfetah Essissi, en faveur d'un dialogue pour résoudre les conflits politiques, estimant qu'elle s'adresse aux forces d'opposition qui ont appelé à une manifestation le 30 juin pour demander le départ du président Morsi et la tenue d'une élection présidentielle anticipée. Pour le président du parti Saad El Ketatni, le souci du ministre de la défense d'éloigner l'institution militaire de l'action politique est une position patriotique que l'histoire retiendra. Le parti de la liberté et la justice, a-t-il dit, est prêt à participer au dialogue aux côtés des autres mouvances politiques égyptiennes pour décrisper la situation politique. Le conseiller juridique du parti Ahmed Abou Barka a, pour sa part, indiqué que la déclaration du ministre de la défense confirme que "l'armée est aux côtés de la légalité représentée par la présidence de République et le conseil consultatif et ne permettra pas de terroriser les citoyens". Le porte-parole des frères musulmans Mahmoud Ghezlane a, quant à lui, précisé que le groupe des frères musulmans "est prêt à répondre à l'appel au dialogue lancé par le ministre de la défense", en dépit de l'embarras que pourrait constituer cet appel à l'institution présidentielle partant du fait que ce geste est considéré comme une ingérence dans la chose politique. Le conseiller chargé de la communication du parti "El Binaâ oua Etanmya" (Edification et développement) l'aile politique de la jamaâ islamya alliée aux frères musulmans voit dans la déclaration du ministre de la défense des assurances de l'armée à défendre les institutions dans le pays en prévision d'éventuels actes de violence ou de débordements lors des manifestations du 30 juin. Le prédicateur radical cheikh Hazem Salah Abou Ismail, fondateur du parti "Erraya" (mouvance des frères musulmans) a, pour sa part, violement critiqué la déclaration du ministre de la défense la considérant comme "un retournement de la situation et un échec de tout ce qui a été réalisé durant les deux dernières années". Le front du Salut national qui compte des figures de proue de l'opposition a affirmé, dans un communiqué, qu'il appréciait la position des forces armées devant la situation grave que traverse le pays, saluant le souci de l'armée de défendre le peuple et la sécurité nationale. Le porte-parole du courant populaire Houssam Mouenis a, pour sa part, estimé que l'armée n'est pas en droit d'imposer une solution à la crise politique en dessous du seuil des revendications des manifestations du 30 juin, précisant que tous les appels à la réconciliation nationale émanant de la présidence avaient échoué. L'Armée, a-t-il dit, doit intervenir en cas de détérioration de la situation sécuritaire et non s'ériger en partie dans la crise politique. Ahmed Deradj, responsable au parti Eddestour conduit par Mohamed El Barradai, voit dans la déclaration du ministre de la défense un message clair de contenir la situation avant le 30 juin. Le secrétaire général du Front du Salut national Wahid Abdelmedjid a, de son côté, estimé que l'armée n'avait pas la prérogative d'appeler les forces politiques au dialogue. Un responsable militaire a démenti tout appel à un dialogue national à l'adresse des forces politiques en conflit avant le 30 juin, précisant que l'institution militaire avait appelé les différentes forces politiques à initier un dialogue entre elles. La chargée de communication a rejeté, au nom de la campagne "tamaroud" tout dialogue avec le pouvoir. Le porte-parole de la présidence de la République a démenti l'idée d'un changement de gouvernement, précisant, dans des déclarations à la presse, que l'invitation au dialogue avec l'opposition est maintenue et que la rencontre du président Morsi avec le ministre de la défense avait porté sur le plan des forces armées de sécurisation des infrastructures stratégiques.