Formes surréalistes à visage humain ou animal, figures maternelles surgissant dans des configurations abstraites, utilisation du signe comme expression du patrimoine et quête de l'universalité, sont la marque d'une exposition commune, intitulée "Arts et poésie", de Ahcene Zouini et Bouameur Noureddine, venus de Annaba présenter leurs oeuvres à Alger jusqu'au 2 juillet. Les deux artistes exposent au centre culturel Mustapha Kateb (Alger centre) une vingtaine de toiles chacun, réalisées entre 2012 et 2013, où domine le mélange des références à plusieurs civilisations dans la construction des personnages chez Ahcene Zouini, et l'obsession de l'absence de la figure maternelle reproduite dans plusieurs tableaux, chez Bouameur Noureddine. Peintes à l'huile, les toiles de grand format de Ahcene Zouini sont marquées par l'utilisation des formes animales (oiseaux, poissons...) et des visages humains pour créer des personnages, plus étranges les uns que les autres, à formes diverses (sirènes, coeurs humains, formes de continent, masques, etc.) que l'artiste pose sur des fonds de différentes couleurs (vert, violet, bleu...). "J'ai voulu exprimer la part animale de l'homme qui peut, hélas, parfois prendre le dessus dans son comportement en société", explique M. Zouini à propos de certaines de ces toiles. Les tableaux de Bouameur Noureddine, des aquarelles en majorité, représentent, dans différentes postures et couleurs, une mère sans visage portant un enfant, ou celles, plus abstraites, où domine l'utilisation des signes amazighs. Ces toiles ont été peintes "très vite, en partant du premier trait de pinceau et de l'émotion du moment", explique le peintre, confiant que son travail est en grande partie inspiré par la disparition de sa mère alors qu'il était encore enfant. Débat sur un tableau "énigmatique" En marge de l'exposition, une toile de Ahcene Zouini, titrée "l'œuvre sphérique" a été déplacée au siège de l'Union des écrivains algériens pour un débat sur les différentes interprétations que soulève le tableau. Ce tableau, qui avait valu à son auteur le titre de "L'homme de l'année", décerné en 2001 aux Etats-Unis par l'Institut biographique américain, représente un visage de femme, semblable à un masque africain, truffé de références subtiles au patrimoine berbère, indien, égyptien et océanien. Ahcene Zouini a proposé aux visiteurs, composé essentiellement d'artistes peintres et de poètes, de livrer leur impressions après avoir contemplé ce tableau dont le personnage, par un savant effet d'optique, semble fixer du regard le spectateur quelque soit le point de vue d'où l'on se tient. Cet échange entre le peintre et les spectateurs, a aussi été l'occasion pour l'artiste d'expliquer la vocation "universelle" de son tableau, en se basant sur les remarques du public qui découvrait, peu à peu, les différents symboles (signes, hiéroglyphes, anneaux indiens, etc.) posés à plusieurs endroits du tableau. Né en 1955 à Annaba, Ahcene Zouini compte à son actif une vingtaine d'exposition individuelles et collectives en Algérie, en Europe et aux Etats-Unis. Egalement né à Annaba en 1951, Bouameur Noureddine expose depuis 1982 dans plusieurs régions d'Algérie. Il a notamment réalisé des fresques à l'université de Annaba en 1984.