La Mission internationale de soutien au Mali (Misma), force ouest-africaine et tchadienne, sera remplacée lundi par la Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) qui aura la difficile tâche d'assurer la sécurité et la stabilité de ce pays du Sahel. La Minusma avait été créée par le Conseil de sécurité de l'ONU, le 25 avril dernier, "pour une période initiale de douze mois" mais son déploiement effectif dépendait d'un retour à un certain calme sur le terrain. Selon l'ambassadeur britannique à l'ONU Mark Lyall Grant, qui préside le Conseil en juin, les 15 membres du Conseil de sécurité ont donné mardi dernier leur "accord unanime (..) au déploiement de la Minusma à partir du 1er juillet". Ils sont cependant conscients, a-t-il dit, de "la fragilité de la situation en terme de sécurité", et du "défi" que représentera la tenue d'élections dans ce pays qui a traversé en 2012 la plus grave crise de son histoire. Ainsi, les Casques bleus de la force onusienne s'efforceront de sécuriser les principales villes du nord du pays et d'encourager la transition politique à Bamako, en aidant à organiser le scrutin présidentiel prévu le 28 juillet prochain. Plusieurs responsables de l'ONU ont également souligné la difficulté de la tâche, le chef des opérations de maintien de la paix Hervé Ladsous parlant de "défis nouveaux et uniques" ainsi que d'un "nouveau chapitre" pour les Casques bleus. M. Ladsous a notamment cité les "menaces asymétriques", c'est à dire d'éventuels attentats ou opérations de guérilla menés par les groupes armés chassés du nord par les troupes françaises. Commandée par le général rwandais Jean-Bosco Kazura, la Minusma absorbera "la majorité des forces de la Misma", actuellement 6.148 hommes venus d'Afrique de l'Ouest et du Tchad, et devrait atteindre sa "capacité opérationnelle complète", 11.200 soldats et 1.440 policiers, équipés d'hélicoptères de combat et de transport, au 31 décembre, selon le chef des opérations de maintien de la paix. Entre-temps, il faudra compléter l'effectif en trouvant de nouveaux pays contributeurs. Il y aura une "période de grâce de quatre mois" pour permettre aux unités de se former et de s'équiper, a-t-il indiqué. A propos du retrait des troupes françaises, intervenues en janvier dernier à la demande de Bamako pour chasser les groupes terroristes du nord du pays, l'ambassadeur français à l'ONU, Gérard Araud, a affirmé que ce retrait connaît actuellement "un palier". Au plus fort de son intervention, la France comptait 4.500 soldats. Ils sont actuellement 3.200, l'objectif étant qu'ils ne soient plus qu'un millier fin 2013. A la faveur d'un coup d'Etat militaire à Bamako le 22 mars 2012, le nord du pays et ses principales villes, Gao, Tombouctou et Kidal, ont été occupées les mois suivants par des groupes terroristes qui y ont commis de nombreuses exactions. Ils en ont en grande partie été chassés par l'intervention de l'armée française qui a débuté le 11 janvier et se poursuit aujourd'hui en appui aux forces ouest-africaines et tchadiennes de la Misma. La présidentielle, un des premiers défis de la Minusma Le déploiement de la Minusma interviendra à quelques jours du premier tour de la présidentielle, un scrutin qui constitue un des premiers défis de la mission onusienne chargée d'assurer la sécurité lors de ce grand rendez-vous électoral. Cependant, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) du Mali avait déclaré jeudi dernier qu'il serait "extrêmement difficile d'organiser" cette élection à la date prévue tant les "défis à relever" sont encore nombreux. Il a cité le peu de temps restant pour distribuer des cartes à près de sept (7) millions d'électeurs et la situation à Kidal, ville du nord-est du pays occupée par la rébellion touareg où l'armée malienne ne s'est toujours pas déployée en dépit d'un accord signé le 18 juin à Ouagadougou, sous une médiation burkinabé. Mais dans un communiqué publié samedi à Ouagadougou, les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), ont affirmé que "rien ne justifie un report de la présidentielle prévue le 28 juillet 2013 sous un quelconque prétexte lié à la région de Kidal". De son côté, Paris avait affirmé vendredi dernier que l'élection se tiendrait "dans les délais prévus". Le compromis signé à Ouagadougou prévoit l'ouverture de négociations en vue d'une paix "définitive" dans le nord du Mali, une fois installées les nouvelles autorités légitimes issues de la présidentielle. La mission de l'UE cohabitera avec celle de l'ONU Des experts militaires européens vont entamer "dans les prochains jours" la formation d'un 2e bataillon de 700 soldats maliens, alors que le premier est en passe d'être déployé dans la région de Gao (nord), avait annoncé mercredi le chef du Comité militaire de l'Union européenne, le général Patrick de Rousiers devant la presse à Bruxelles. Lancée début avril, à la suite de l'intervention des troupes françaises, la mission EUTM Mali "se déroule bien, conformément aux attentes", a-t-il estimé. Son objectif est de professionnaliser près de 3.000 soldats en 15 mois pour qu'ils soient capables de résister à de nouvelles attaques de groupes armés. La mission de l'UE va cohabiter avec la mission que s'apprête à déployer l'ONU ce lundi.