Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Mali, Albert Gerard Koenders, a affirmé mardi devant le Conseil de sécurité que la situation au Mali avait de ''larges répercussions régionales et internationales'', soutenant qu'un traitement efficace des défis de la région du Sahel exige du temps et des efforts concertés. M. Koenders intervenait devant l'organe de décision de l'ONU qui a consacré un large débat sur la situation au Mali, à l'issue duquel il a autorisé le déploiement, dès le 1er juillet prochain, de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), créée en avril dernier par la résolution 2100 (2013). ''La situation au Mali a de larges répercussions régionales et internationales'', a souligné M. Koenders pour qui les attaques récentes au Niger sont un ''rappel brutal'' de l'ampleur des problèmes auxquels la région du Sahel est confrontée. ''Pour traiter efficacement les défis de la région du Sahel, il faut du temps et des efforts concertés'', a-t-il avancé, ajoutant qu'un soutien à long terme sera nécessaire. Au Mali, a-t-il poursuivi, les causes profondes des crises devraient être réglées telles que ''la mauvaise gouvernance, la corruption, les clivages au sein et entre les régions et les groupes, un sentiment d'exclusion politique par une nouvelle génération, la pauvreté et l'absence de réforme du secteur de la sécurité''. Par ailleurs, a poursuivi M. Koenders qui est également le chef de la MINUSMA, l'accord signé récemment entre le gouvernement de transition du Mali et des groupes armés dans les régions du nord, notamment le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad, est une ''première étape importante vers la pleine restauration de l'ordre constitutionnel et de l'intégrité territoriale''. La situation au Mali améliorée mais reste fragile Tout en observant que la situation au Mali s'est améliorée et que la plupart des grandes agglomérations au nord du pays ont été reprises, il a prévenu, toutefois, qu'elle reste ''complexe et fragile'', en faisant état, notamment, d'accrochages entre le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et différents groupes armés dans le nord. Plusieurs raisons seraient à l'origine de ces accrochages, a-t-il expliqué, en citant, entre autres, le contrôle de certains axes routiers qui seraient utilisés pour le trafic de drogues et autres marchandises ainsi que des actes de vengeance pour des exactions commises contre les populations pendant l'occupation. Par ailleurs, a-t-il précisé, un autre mouvement armé touareg, le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad, a été créé, précisant que ce dernier est une coalition du Mouvement islamique de l'Azawad et d'éléments du MNLA. Le chef de la MINUSMA a indiqué que le MNLA avait maintenu le contrôle de la ville de Kidal et de ses environs et avait renforcé sa présence dans certaines localités, avant de préciser qu'entre temps, l'armée malienne a renforcé sa présence à Gao et a lancé une attaque contre le MNLA, qui lui a permis de reprendre la ville d'Anefis. ''Les risques d'actions asymétriques et de violents affrontements demeurant importants'', a souligné le représentant spécial, en notant que la protection des populations civiles et la sécurité du personnel des Nations unies étaient l'une de ses préoccupations principales alors que se posent les premiers jalons de la MINUSMA à Bamako et dans les régions du nord du pays. La MINUSMA, 3e plus grande opération de maintien de la paix de l'ONU Pour sa part, le secrétaire général adjoint de l'ONU aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a présenté les détails du déploiement de la MINUSMA dont il a dit qu'elle deviendra, à terme, ''la troisième plus grande opération de maintien de la paix de l'ONU en terme de taille''. Il a ajouté qu'il y aurait toutefois une ''période de grâce'' de quatre mois pour permettre aux unités militaires et de police de renforcer les contingents et d'intégrer les capacités demandées par les Nations Unies, y compris en matière de formation et d'équipement. La MINUSMA, a-t-il expliqué, opérera dans le cadre de ''règles d'engagement robustes'' et jouera, par ailleurs, un ''rôle-clé'' dans la stabilisation du Mali et dans la protection des citoyens menacés par l'insécurité au nord du pays. En outre, l'engagement politique avec les acteurs maliens afin de promouvoir le dialogue et la réconciliation entre les communautés demeurera ''la clé de voûte de notre engagement'', selon lui. Le chef du Département des opérations de maintien de la paix a également précisé qu'en préparation de cette transition, la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) avait continué d'assumer graduellement des responsabilités opérationnelles dans plusieurs zones du nord du Mali, et ce, à la suite du début de la réduction de l'opération militaire Serval lancée en janvier dernier pour libérer le nord malien. Revenant sur la MINUSMA, M. Ladsous a indiqué qu'au 1er juillet, elle devrait atteindre une première capacité opérationnelle initiale et, d'ici à la fin juillet, une centaine d'officiers d'état-major devraient être présents sur le terrain, estimant que cette Mission pourrait atteindre sa pleine capacité opérationnelle avant le 31 décembre 2013. Il a également avancé que la formation jouera un rôle-clé dans la gestion de la transition de la MISMA vers la MINUSMA, en précisant que des équipes mobiles étaient actuellement déployées sur le terrain pour assurer la formation du personnel de la MISMA. Les Etats membres de l'ONU doivent mettre à la disposition de la MINUSMA les équipements et moyens qu'ils ont promis pour lui permettre de s'acquitter rapidement de son mandat, a rappelé M. Ladsous, en insistant en particulier sur les hélicoptères, l'échange d'informations et la constitution de forces spéciales. Concernant le volet politique, il a mis en garde contre une éventuelle ''mauvaise gestion'' du processus électoral, qui serait de nature à aggraver l'instabilité au Mali, en faisant remarquer que les élections électorales sont prévues dans quatre semaines. Il a affirmé que, durant ce processus, la MINUSMA assurerait un soutien sécuritaire, technique et logistique, dans la limite de ses capacités puisqu'elle sera encore dans la première phase de son déploiement. M. Ladsous a aussi précisé que la Mission était déployée dans un contexte géopolitique et de menace asymétriques qui n'avait jamais été expérimenté auparavant. Le secrétaire général adjoint a aussi attiré l'attention sur la nécessité de faire face à certains défis qui persistent dans la gestion de la transition, afin d'éviter un ''vide sécuritaire'', rappelant que l'opération était déployée sur un ''terrain extrêmement rude'' qui se trouve dans une zone géographique ''immense''.