La destitution par l'armée du président égyptien Mohamed Morsi confirme que l'institution militaire reste un "acteur majeur" dans la vie politique en Egypte, a déclaré jeudi à l'APS l'analyste Cherif Driss. Le retour en force de l'institution militaire en Egypte démontre que l'armée "a été, reste et restera un acteur majeur dans la vie politique du pays", a souligné M. Driss, enseignant à l'Institut des Sciences politiques de l'université d'Alger. Pour ce politologue, la mise à l'écart du président Morsi issu des Frères musulmans est "un coup d'Etat". Ceci va plonger le pays dans une "incertitude contrôlée" par l'armée qui "n'a jamais perdu la main" et qui, en aucun cas, "n'accepterait d'être à l'écart" des évènements. "Le coup d'Etat militaire contre M. Morsi démocratiquement élu il y a un an, confirme que l'armée structure la vie politique. C'est elle qui détermine les règles du jeu", a encore affirmé M. Driss. L'armée égyptienne, rappelle-t-on, a déjà dirigé pendant 16 mois, la période de transition après la chute du président Hosni Moubarak sous pression de la rue en février 2011. A une question sur la décision de l'armée de déposer M. Morsi et de le remplacer par le président du Conseil constitutionnel, Adly Mansour, M. Driss a estimé qu'il était impensable pour le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, "de laisser le pouvoir civil diriger seul le pays". L'armée veut, à travers ce coup d'Etat, encourager de "nouvelles élites" qui soient favorables à la feuille de route qu'elle a tracée, a-t-il précisé, ajoutant que le scénario idéal pour l'armée c'est de "rallier la mouvance islamiste à sa cause". La feuille de route élaborée par l'armée prévoit une "courte" période de transition avant l'organisation d'élections présidentielle et législatives, selon l'agence officielle Mena. La destitution du président Morsi est intervenue après l'expiration mercredi à 14H30 GMT de l'ultimatum de l'armée qui a menacé lundi d'imposer sa propre "feuille de route" s'il ne "satisfait pas les revendications du peuple", en allusion à une partie de la population qui manifestait massivement depuis dimanche pour réclamer son départ.