Les informations abondaient mardi au Caire sur les résultats des rencontres des émissaires internationaux qui se relayent pour tenter de sortir le pays de l'impasse politique en faisant la navette entre les dirigeants des Frères musulmans et responsables de l'autorité de transition. Ces informations se focalisent sur les propositions visant à mettre fin aux violences et les garanties politiques en prélude à des négociations pour trouver une solution à la crise politique que traverse le pays mais le département d'Etat américain ne voit aucune détente se dessiner à l'horizon. Ce Mardi, les médiations américaine et européenne se poursuivaient au Caire où les émissaires du président américain Barack Obama, membres du sénat, Lindsey Graham et John McCain, devront entamer un round de pourparlers avec Mohamed al Baradei, vice président égyptien chargé des relations internationales, et le Premier ministre Hazem Beblawi ainsi que des représentants de l'Alliance nationale pour la légitimité. Ainsi, le sous-secrétaire d'Etat américain William Burns a prolongé sa visite en Egypte pour poursuivre les efforts visant à ficeler un plan d'étape et faire éviter une confrontation générale. La porte parole adjointe du département d'Etat, Marie Harf, a déclaré que Burns n'avait pas prévu dans son programme de rencontrer Morsi, soulignant qu'"aucun signe de détente ne pointe à l'horizon". La médiation a réussi néanmoins à contenir les affrontements entre les pro-Morsi et les forces de l'ordre, a-t-elle précisé. D'autre part, Mohamed al Baradei a indiqué que cette semaine sera décisive pour le processus de négociations. Il a appelé à ce propos, les Frères musulmans à rejeter la violence pour amorcer le dialogue au moment où la stratégie proposée par la délégation occidentale insiste sur les garanties des autorités pour éviter toute confrontation avec les partisans du président destitué et, particulièrement ceux qui campent sur les Places Rabaâ al Adawiya et al Nahda et à cesser le discours de subversion afin de donner une chance à l'entente et de cerner la crise. Selon des sources politiques et diplomatiques au Caire, la délégation des émissaires européens, américains, qataris et emiratis a rencontré dans la nuit de dimanche à lundi Khairat Chater, l'homme influent des Frères musulmans pour lui faire part de propositions claires et bien définies. Celles-ci prônent une sortie de crise politique à travers la levée des sit-in, la reconnaissance de la feuille de route en contrepartie de la libération des dirigeants de la confrérie islamiste, la levée du contrôle des fonds gelés des Frères musulmans et la non dissolution du parti pour la liberté et la justice (PLJ) ainsi que leur participation dans un gouvernement d'union nationale, dans l'assemblée chargée d'amender la constitution et aux prochaines échéances électorales. Al Chater n'a donné aucune réponse à ces propositions et a demandé un délai pour se concerter avec les dirigeants des Frères musulmans chose qui a été perçu comme positive quant à une évolution vers les négociations, soulignent la même source. Les nouvelles autorités estiment quant à elles, que l'acceptation de la fin du rôle du président déchu Mohamed Morsi, la cessation des violences et la poursuite de l'application de la feuille de route étaient les conditions sine qua non pour entamer la réconciliation nationale et permettre l'adhésion des Frères musulmans à la vie politique. Dans ce sens, le ministre égyptien de la Défense nationale a informé dimanche le sous secrétaire d'Etat américain que la situation restait inchangée. D'autres responsables de la présidence et du gouvernement égyptiens avaient, eux aussi, fait part aux délégations médiatrices de l'Occident et du Golfe que l'idée de "libération sécurisée" du président déchu et celle des autres responsables islamistes était du seul resort de la justice. D'un autre côté, des sources judiciaires ont rappelé que Morsi sera bientôt transféré dans une prison conformément à la décision du juge d'instruction soit une détention préventive de 15 jours. Par ailleurs, des sources responsables ont souligné la compréhension des nouvelles autorités à l'égard des préoccupations de la confrérie et courants islamistes liées au maintien de la constitution de 2012 avec introduction d'amendements après approbation des forces islamistes et à la dissolution de l'organisation, du PLJ et d'autres partis islamistes. La prise en charge de ces préoccupations restaient cependant pas claires, ajoutent la même source. Les autorités officielles en Egypte ont réitéré pour leur part, le maintien du processus enclenché le 3 juillet dernier. Le conseiller médiatique du président égyptien a nié l'intention de soumettre la feuille de route à un référendum populaire ou à y apporter des modifications. En revanche, le porte parole de la confrérie islamiste, Ahmed Aâref a affirmé que la cause de "l'Alliance nationale pour la légitimité est le combat pacifique contre le coup d'Etat et le retour à la légitimité constitutionnelle". Dans une déclaration publiée sur la page officielle des Frères musulmans, il a souligné le "refus catégorique" de toute tentative de camouflage de la "cause nationale" en la présentant comme étant une question de "maintien ou d'évacuation" des Places ou d'"arrestation ou de libération" des dirigeants politiques, considérant cela comme des tentatives vaines de diversion de "la cause de la légitimité constitutionnelle". Enfin, la division et la tension restent maîtres des évènements en Egypte où les opposants des Frères musulmans ont remis en cause le sérieux de ces derniers quant à un règlement de la crise et leur adhésion au processus politique. Selon eux, les Frères musulmans continuent de tergiverser sur la levée des sit-in dès lors que les appels à la mobilisation et à la manifestation dans les rues se poursuivent sans qu'il ait pour autant des signes annonçant un quelconque retrait progressif.