La présidence égyptienne a annoncé mercredi la fin des tentatives de médiation internationale menées depuis près de deux semaines en Egypte sans parvenir à convaincre les Frères musulmans quant au règlement pacifique de la crise au moment où le gouvernement prenait toutes les mesures pour faire face à la violence et au terrorisme. Dans un communiqué, la présidence a qualifié le sit-in des partisans du président déchu sur les Places Rabaa al Adawiya et al Nahda au Caire de "non pacifique" tenant la confrérie islamiste pour responsable des conséquences qui en découleront. L'étape des efforts diplomatiques initiés depuis plus de dix jours "sans résultat probant malgré le soutien du gouvernement égyptien à faciliter l'accès à une rue égyptienne stable et sécurisée", indique le communiqué. L'Egypte continuera d'accueillir favorablement les démarches des parties internationales ainsi que leurs positions en faveur de la "feuille de route" et du renforcement du processus de transition démocratique, souligne la même source. La présidence égyptienne fait endosser aux Frères musulmans "l'entière responsabilité de l'échec de ces tentatives de médiation et des retombées qui pourront en découler". Le conseil des ministres égyptien se réunit ce mercredi pour examiner la situation sécuritaire et mettre en exécution les mesures et instructions du ministre de l'Intérieur pour contrecarrer la violence. Peu auparavant, une rencontre avait regroupé le Premier ministre Hazem Beblawi, le ministre de la Défense nationale Abdelfattah al-Sissi et le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim pour se pencher sur la situation sécuritaire à Sinaï et la gestion des sit-in des places Rabaa al Adawiya et al Nahda. Ainsi, le communiqué de la présidence égyptienne va à l'opposé des résultats attendus de la médiation des émissaires diplomatiques de l'Union européenne (UE), des Etats Unis, du Qatar et des Emirats Arabes Unis qui ont une influence manifeste sur les parties en conflit. D'autre part, les Frères musulmans ont campé sur leur position quant au retour de la légitimité comme le souligne clairement le communiqué de l'"Alliance nationale pour la légitimité" publié mardi. L'Alliance a affirmé que le "retour à la légitimité" signifie le retour du président destitué, de la constitution suspendue et du Majless Echoura (conseil consultatif) et non pas seulement le maintien ou la libération des dirigeants islamistes ou la dispersion des manifestants de Rabaa al Adawiya. Les nouvelles autorités estiment quant à elles, que la reconnaissance du fait accompli, le rejet de la violence, la fin du président déchu Mohamed Morsi politiquement et l'acceptation de la feuille de route étaient les conditions sine qua non pour l'amorce d'un dialogue avec les Frères musulmans en tant que partenaires sociaux et partie intégrante de l'équation politique du pays. Il ressort des déclarations de responsables des chefs de délégations internationales et des rapports de presse que les parties médiatrices se sont employées à rechercher un "prix politique" à avancer à la confrérie islamiste en contrepartie d'une flexibilité. Il s'agit en l'occurrence de sa participation à la vie politique du pays, au gouvernement d'union nationale, à l'Assemblée chargée d'amender la constitution et aux prochaines échéances électorales. Le conseiller médiatique du président égyptien a déclaré mardi que les pressions internationales "ont dépassé les usages internationaux" et que l'Egypte était en mesure de protéger la "révolution et l'Etat". Par ailleurs, la déclaration du sénateur américain John McCain qui a qualifié les évènements le 30 juin en Egypte de "coup d'Etat" aura été la goutte qui a fait déborder le vase. Une déclaration perçue par les milieux politiques égyptiens comme étant une tentative des Américains d'amadouer les Frères musulmans en attendant de traiter la question et d'attiser les tensions dans la rue ce qui a suscité les réserves des autorités égyptiennes qui l'ont d'ailleurs jugée d'"arrogante". Lors d'une conférence de presse au Caire, le sénateur américain a demandé la libération des "détenus politiques", l'amorce d'un dialogue national inclusif et la mise au point d'un calendrier pour l'amendement de la constitution et la tenue des élections. Il a exhorté également les Frères musulmans à cesser les violences, à protéger les droits de tous les Egyptiens et à participer positivement à l'amendement de la constitution et aux rendez-vous électoraux. John McCain a indiqué que la situation en Egypte était "alarmante" et que les troubles pourraient dégénérer en "bain de sang" dans les prochains jours, estimant que le seul moyen de rétablir la paix dans le pays était "le dialogue et la réconciliation entre les principaux acteurs". La veille de l'annonce de la fin des efforts d'apaisement, plusieurs gouvernorats égyptiens ont été le théâtre d'affrontements entre manifestants des Frères musulmans et opposants qui ont fait un mort et des dizaines de blessés après une accalmie de près de deux semaines. L'annonce a coïncidé aussi avec les informations faisant état du transfèrement du président déposé Mohamed Morsi en prison à partir de samedi.