Les Frères musulmans ont appelé à un "vendredi de la colère" pour protester contre la dispersion sanglante de leurs rassemblements de soutien au président déchu Mohamed Morsi. Deux jours après la journée la plus sanglante -578 morts et plus de 3.000 blessés, cet appel à la mobilisation fait redouter de nouvelles violences dans le pays sous état d'urgence et où un couvre-feu nocturne a été imposé dans la moitié des provinces. D'autre part, le gouvernement, a durci le ton jeudi, autorisant les forces de l'ordre à ouvrir le feu sur les manifestants. Lors du carnage sur les places où campaient depuis un mois et demi des milliers de partisans du président déchu Mohamed Morsi, le ministère de l'Intérieur avait assuré que "les instructions étaient de n'utiliser que les gaz lacrymogènes, pas d'armes à feu". "Mais quand les forces de sécurité sont arrivées, elles ont été surprises par des tirs nourris", avait-il ajouté. Selon Laila Moussa, une porte-parole de la Coalition pro-Morsi contre le "coup d'Etat", des membres des Frères musulmans, dont au moins deux parlementaires, ont été arrêtés. Depuis le coup de force des militaires, la majorité des dirigeants de la confrérie ont été arrêtés ou sont en fuite. M. Morsi est lui-même toujours détenu au secret, tandis que doit s'ouvrir le 25 août le procès de plusieurs de ses hauts responsables, dont son Guide suprême Mohamed Badie, en fuite. Au Caire, l'armée était déployée, bloquant des grands axes, notamment ceux menant à la place Tahrir. Le recours à la force contre les partisans de Morsi continue de susciter la préoccupation de plusieurs pays et organisations qui ont appelé toutes les parties à la retenue pour éviter un nouveau bain de sang. Alors que de nombreux pays occidentaux ont condamné ce bain de sang, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont appelé jeudi soir les différentes parties en Egypte à faire preuve d'un "maximum de retenue". Les Etats-Unis ont de leur côté annulé des exercices militaires communs et incité leurs ressortissants à quitter l'Egypte, sans aller jusqu'à interrompre l'aide annuelle (1,5 milliard de dollars) versée en grande partie à la toute-puissante armée de leur grand allié. Le président Barack Obama a "condamné avec force les mesures prises par le gouvernement intérimaire égyptien", comme la réinstauration de l'état d'urgence. La présidence égyptienne a dénoncé "des déclarations non basées sur des faits" qui risquent "d'encourager les groupes armés violents". Navi Pillay, Haut commissaire de l'ONU en charge des droits de l'Homme, a réclamé une enquête sur la dispersion des pro-Morsi. Le président français François Hollande a appelé à tout mettre "en œuvre pour éviter la guerre civile". Paris et Berlin ont convoqué les ambassadeurs égyptiens et devaient s'entretenir à la mi-journée, tandis que la Turquie a rappelé pour consultations son ambassadeur en Egypte. Le Caire a aussitôt rappelé son représentant à Ankara.