La communauté internationale a vigoureusement condamné le double attentat perpétré vendredi à Tripoli dans le nord du Liban, faisant au moins 45 morts et des centaines de blessés, un nouvel épisode de violences menaçant de déstabiliser ce pays fragile, qui continue de subir les conséquences du conflit syrien. Deux voitures piégées avaient explosé la veille à quelques minutes d'intervalle devant deux mosquées de Tripoli (nord) distantes d'environ deux kilomètres. Une explosion avait retenti près de la maison du Premier ministre sortant, Najib Mikati. Selon un dernier bilan, au moins 45 personnes ont été tuées et plus de 500 autres blessés. Cette attaque, la plus meurtrière depuis la fin de la guerre civile, intervient dix jours après la mort de 27 autres personnes dans un attentat similaire dans la banlieue sud de Beyrouth, un bastion du mouvement Hezbollah. Ces violences témoignent des difficultés auxquelles fait face le Liban qui traverse une période d'instabilité au niveau politique et sécuritaire, plus de deux décennies après les années sombres de la guerre civile (1975-1990). Cette situation risque de remettre en cause le fragile équilibre sur lequel s'est construit l'Etat libanais avec une démocratie confessionnelle qui permet aux différentes communautés d'être représentées. — Condamnations à travers le monde des attentats de Tripoli— Au lendemain du bain de sang au Liban, l'Algérie a "fermement condamné" samedi le double attentat terroriste ayant "fait un nombre important de victimes", selon un communiqué ministère des Affaires étrangères, soulignant que l'Algérie "rejette l'usage de la violence sous toutes ses formes quels qu'en soient les motifs". Tout en exprimant sa "profonde solidarité avec le gouvernement et le peuple libanais frère", l'Algérie a appelé les différentes forces politiques libanaises à s'armer de "patience et de sagesse et faire face à ce crime abject dans un esprit d'entraide et de solidarité". Condamnant également le double attentat "terroriste", les Etats-Unis ont appelé, de leur côté, toutes les parties au Liban à "faire preuve de calme et de retenue et d'éviter toutes les actions qui contribueraient à alimenter le cycle des violences et des représailles". Washington a réaffirmé sont "engagement fort pour un Liban stable, souverain et indépendant", selon un communiqué de la porte-parole adjointe du département d'Etat, Marie Harf. La France, par la voix de son président François Hollande, a aussi réitéré son "appui aux efforts" de l'Etat et à l'armée du Liban pour préserver le pays "des conséquences de la crise syrienne et favoriser la mise en oeuvre des engagements souscrits (...) par les principales forces politiques libanaises dans le cadre de la déclaration de Baabda de juin 2012". Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a appelé "tous les Libanais à faire preuve de retenue, à rester unis et à aider les institutions de l'Etat, en particulier les forces de sécurité, à maintenir l'ordre et le calme à Tripoli et dans l'ensemble du pays". Il a réaffirmé "la détermination de la communauté internationale à soutenir la sécurité et la stabilité du Liban". Le Conseil de sécurité à quant à lui invité les Libanais à "préserver l'unité nationale face aux tentatives pour déstabiliser le pays". — Deuil national, l'armée se déploie à Tripoli— La journée de samedi a été décrétée jour de deuil national en hommage aux victimes tuées dans les attentats et un arrêt de travail d'une heure devait également être observé dans les administrations à travers le pays de 11h00 à 12h00. Tripoli semblait n'être pas encore remise de ces attaques, les rues de la ville étaient désertes, la plupart des magasins étant fermés et la circulation était faible. L'armée a renforcé les mesures de sécurités ont déployant des blindés et multipliant les patrouilles, pendant que des hommes en civil armés étaient postés devant les moquées, les maisons de députés et de dignitaires religieux. Les contrôles ont été également renforcé, les soldats fouillaient minutieusement les voitures suspectes. Le gouvernement avait annoncé récemment que l'armée libanaise avait identifié un réseau soupçonné d'avoir piégé plusieurs voitures pour les faire exploser dans un fief du Hezbollah chiite.