La Ligue arabe se réunira dimanche au niveau ministériel pour évoquer notamment le dossier syrien, au moment où des pays occidentaux se préparent à lancer une frappe contre la Syrie, dont le régime est accusé d'avoir utilisé des armes chimiques, alors que la Russie réclame des preuves sur la responsabilité de Damas. La réunion des ministres arabes des Affaires étrangères devait avoir lieu mardi mais avait été avancée à dimanche en raison des développements dans le dossier syrien, selon le numéro deux de l'organisation panarabe, Ahmed Ben Helli. Le conflit en Syrie, où plus de 100.000 personnes ont trouvé la mort dans les violences depuis mars 2011, sera au centre des discussions. Mardi dernier, les délégués permanents auprès de la Ligue arabe avaient fait porter au régime syrien "l'entière responsabilité" de l'attaque chimique. L'opposition syrienne et des pays occidentaux accusent le gouvernement du président Bachar al-Assad d'avoir tué des centaines de personnes en faisant usage de gaz toxiques le 21 août dans la Ghouta, prés de Damas. Les autorités syriennes ont rejeté ses accusations et imputé cette attaque aux rebelles, affirmant que ces derniers ont commis cet acte pour justifier une intervention étrangère dans le pays. L'usage présumé d'armes chimiques a fait bouger plusieurs capitales occidentales, qui avaient déjà mis en garde contre l'utilisation de telles armes interdites par des conventions internationales. Les Etats-Unis après avoir prévenu que les armes chimiques seraient la ligne rouge à ne pas franchir, ont évoqué une éventuelle frappe contre la Syrie après le massacre près de Damas. Vendredi, le président américain Barack Obama a toutefois annoncé qu'il n'avait pas encore pris de décision finale concernant une attaque militaire contre la Syrie, et qu'il envisageait une action "limitée et de petite envergure". — Washington ne veut pas agir seul— Les Etats-Unis, qui ont affirmé avoir la "forte certitude" que le régime syrien était responsable de l'attaque, ont déjà entamé les préparatifs à lancer d'éventuelles frappes. Mais Washington cherche avant toute action en Syrie réunir une coalition internationale face à la difficulté d'avoir le feu vert du Conseil de sécurité, Russes et Chinois étant contre l'option militaire. La Russie a bloqué jusqu'ici avec la Chine toute décision au Conseil de Sécurité de l'ONU qui viserait à lancer une action punitive contre le gouvernement du président al-Assad. Or l'option militaire semble diviser plusieurs pays occidentaux. Le président français François Hollande qui a réaffirmé sa volonté d'agir militairement en Syrie au côté des Américains, attend semble-t-il un avis du parlement qui a été convoqué mercredi pour un débat sans vote. Au Royaume-Uni, des députés ont voté contre l'intervention voulue par le gouvernement du Premier ministre David Cameron. Le chef de l'opposition travailliste, Ed Miliband a réclamé des "preuves convaincantes" de la responsabilité du régime syrien. La chancelière allemande Angela Merkel a exclu, quant à elle, toute participation de son pays à une intervention militaire sans mandat international. — Moscou veut des preuves sur la responsabilité de Damas— Le président russe Vladimir Poutine a demandé aux Etats-Unis de fournir la preuve que le gouvernement syrien avait utilisé des armes chimiques, estimant que "s'ils ne le font pas, cela veut dire qu'il n'y en a pas". Il a qualifié d'"absurdité totale" ces accusations, car selon lui, "les forces syriennes sont à l'offensive et cernent l'opposition dans plusieurs régions" et fournir un tel prétexte à ceux qui appellent à une intervention armée serait "absurde". Visé par les accusations, le gouvernement s'est dit "prêt à riposter" à toute attaque étrangère. "Nous nous attendons à une agression à tout moment et nous sommes prêts à riposter également à tout moment", a souligné un haut responsable des services syriens de sécurité. Entre-temps, les experts de l'ONU en armes chimiques étaient arrivés samedi au Liban, en provenance de Damas, après s'être rendus sur plusieurs sites touchés par l'attaque. La haute représentante de l'ONU pour le désarmement Angela Kane devait rendre compte dans la journée de son voyage au secrétaire général de Ban Ki-moon à New York. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), plus de 500 personnes, dont 80 enfants, ont été tuées dans l'attaque, alors que l'opposition avait fait état de son côté de plus de 1.400 morts.