Même s'ils temporisent, les USA, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne se disent toujours décidés à frapper Damas. Et peu leur importe, affirment-ils, s'ils doivent en cela se passer d'un feu vert du Conseil de sécurité. En face, le reste du monde s'oppose à l'agression. Les projets occidentaux d'intervention en Syrie sont "un défi" à la Charte e l'ONU, a fait savoir le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, selon un communiqué publié ce jeudi de la diplomatie russe. "A ce stade il faut utiliser tous les instruments possibles politico-diplomatiques, et avant tout laisser les experts de l'ONU mener à bien leur enquête sur l'attaque chimique présumée et rendre leurs comptes à l'ONU", selon la même source. Pour le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, une frappe provoquerait une "déstabilisation supplémentaire de la situation", tandis que l'Iran, autre allié de Damas, a jugé qu'une action militaire "serait un désastre pour la région". Les puissances occidentales, Etats-Unis en tête, temporisaient ce jeudi sur une possible attaque militaire contre la Syrie, tout en affichant, leur volonté de donner "un coup de semonce" à Damas. Barack Obama a affirmé hier dans une interview télévisée ne pas avoir pris de décision sur une éventuelle intervention en Syrie, mais a évoqué un "coup de semonce", tandis que Londres disait vouloir attendre l'enquête de l'ONU sur l'attaque chimique qui a fait des centaines de morts le 21 août. "Je n'ai pas encore pris de décision" sur une action en Syrie, a indiqué le président des Etats-Unis sur la télévision publique PBS. Pendant le week-end, alors qu'émergeaient les détails de l'attaque à l'arme chimique près de Damas, les Etats-Unis avaient considérablement durci le ton contre le régime syrien, et une intervention armée avait ensuite semblé imminente alors que les tractations s'intensifiaient entre Washington et ses alliés occidentaux, Londres et Paris en tête. Hier, tout en assurant que son pays avait conclu à la responsabilité du gouvernement de Bachar al-Assad dans cette attaque chimique, le président des Etats-Unis a écarté un "engagement direct militaire" de son pays dans la guerre civile syrienne. L'idée sous-jacente est que le gouvernement syrien "reçoive un message assez fort sur le fait qu'il ferait mieux de ne pas recommencer" à utiliser des armes chimiques, a-t-il expliqué. "Si nous envoyons un coup de semonce pour dire +arrêtez+, nous pouvons avoir un impact positif sur notre sécurité nationale à long terme", a encore argumenté le président. Le Royaume-Uni de son côté ne va pas lancer d'action militaire en Syrie avant d'avoir eu connaissance des résultats des experts de l'ONU qui enquêtent sur place sur l'attaque du 21 août, selon une motion du gouvernement qui doit être soumise ce jeudi à un vote du Parlement. A Paris, le porte-parole du gouvernement français, Mme Najat Vallaud-Belkacem, a estimé ce jeudi matin que la riposte militaire est "compliquée à construire". Par ailleurs, même si une intervention directe de l'Otan n'est pas à l'ordre du jour selon un diplomate, l'Alliance atlantique a elle aussi jugé qu'un recours aux armes chimiques ne pouvait "rester sans réponse".