La prise d'otages par un commando d'insurgés somaliens shebab se poursuivait lundi dans le centre commercial de Nairobi alors que l'armée kényane tente de mettre fin à cette attaque terroriste qui a fait 69 morts et 200 blessés, selon les autorités locales. Près de 72 heures après le début de l'attaque du luxueux centre commercial Westgate de Nairobi, un nouvel assaut a été lancé lundi. Des tirs nourris et de fortes explosions ont été entendus, selon des médias. Désormais, le dernier bilan de ce raid terroriste publié par la Croix-Rouge locale fait état d'au moins 69 morts après la découverte de corps supplémentaires et de 63 disparus. Aucune indication n'avait jusqu'ici été donnée sur le nombre de personnes portées disparues. Le bilan n'a cessé de s'alourdir au fil des heures. Le nombre de blessés a été estimé à 200, toujours selon la Croix-Rouge. Plusieurs étrangers, dont deux Françaises, quatre Britanniques, un Sud-africain, une Sud-Coréenne, une Néerlandaise, un Péruvien et deux Indiens figurent parmi les victimes de l'attaque ainsi qu'un célèbre poète et homme d'Etat ghanéen, Kofi Awoonor. Cinq Américains et de nombreux autres Occidentaux figurent parmi les blessés. Plusieurs assauts ont été lancés pour tenter de venir à bout des hommes armés qui seraient, selon les autorités kenyanes, 10 à 15 dans le bâtiment. Le bilan pourrait encore s'alourdir, le nombre d'otages toujours retenus restant indéterminé et les forces de l'ordre découvrant de nouveaux cadavres lors de leurs assauts. Mais les forces de sécurité kenyanes affirment avoir repris le contrôle de la plus grande partie du bâtiment et réussi à isoler les attaquants en un seul endroit du centre commercial, un établissement de luxe qui était bondé de Kenyans et expatriés samedi au moment de l'attaque. "La plupart des otages ont été secourus et les forces de sécurité ont pris le contrôle" de presque tout le bâtiment, a affirmé l'armée kenyane sur son compte Twitter. "Tous les efforts sont en cours pour apporter une conclusion rapide à cette affaire", a-t-elle ajouté. Le ministère kenyan de l'intérieur a demandé à "tous les Kenyans d'être patients". "Ce n'est pas le moment de baisser les bras. Tous les organismes font ce qu'il faut", assure le ministère de l'Intérieur, dans un message publié sur son compte Twitter. Par ailleurs, la Cour pénale internationale (CPI) a autorisé lundi le vice-président kenyan William Ruto à s'absenter de son procès durant une semaine afin qu'il puisse rentrer au Kenya pour gérer la crise provoquée par l'attaque du centre commercial Westgate. Cette attaque a été revendiquée par les insurgés somaliens shebab, qui disent agir en représailles de l'intervention militaire kenyane en Somalie, lancée fin 2011. Dans une déclaration audio mise en ligne sur internet, leur porte-parole, Sheikh Ali Mohamud Rage, a menacé d'ordonner d'abattre les derniers otages, face à la "pression" exercée par les forces kenyanes sur les assaillants cernés dans Westgate. L'attaque a démarré samedi, en tout début d'après-midi. Des hommes armés ont ouvert le feu et jeté des grenades sur les clients et employés du centre. Des heures durant, ces derniers, piégés dans le centre, ont émergé au compte-goutte du bâtiment, au fur et à mesure de la lente progression des forces de l'ordre. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a déclaré que "cette attaque mettait en lumière la gravité de la menace posée par les insurgés somaliens", à l'issue d'entretiens avec le ministre somalien des Affaires étrangères Fawzia Adan et son ambassadeur à Washington, Elmi Duale. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière à Nairobi depuis un attentat suicide du réseau terroriste d'al Qaida en août 1998 contre l'ambassade américaine. Plus de 200 personnes avaient été tuées.