Faire communiquer les machines, les faire interagir sans intervention humaine est devenu non seulement possible ces dernières années, mais constitue désormais un marché des plus prometteurs pour les opérateurs Internet et les équipementiers, dans un contexte de rude concurrence en matière d'innovation et de performance. Par ses larges domaines d'application et les bénéfices qu'il génère, le marché de l'Internet des machines ou "Machine to Machine" (M2M) connaît un essor certain et croît à un rythme effréné devenant une des priorités des grandes firmes télécoms. En pratique, le principe du M2M consiste à faire communiquer des machines dotées d'une adresse IP, dans de multiples domaines allant de l'industrie (télégestion des équipements) aux services (remontées d'informations), en passant par la finance (encaissements nomades) et la sécurité (alarmes) ou encore le développement durable (télé relève énergétique, gestion des risques environnementaux), etc. Par communication entre machines il est entendu, connexion par le biais de l'Internet haut débit, d'une machine ou d'un réseau de machines vers un serveur centralisant les données renvoyées par ces mêmes machines dont il assure le pilotage à distance. On parle alors de gestion à distance d'un parc de machines (remote devices management). Pour illustrer la croissance de ce marché, un récent contrat signé entre une filiale de l'opérateur français Orange (Orange business services), présente dans 220 pays, et l'équipementier télécoms suédois Ericsson pour déployer et de gérer de façon évolutive les machines connectées ainsi que les applications M2M sur des marchés multi-domestiques. Les deux firmes s'associent pour offrir des fonctionnalités de pointe, déployer et exploiter des millions de connexions dans le monde et par la même, renforcer leur positionnement sur ce nouveau marché mondial. L'objectif de ce type d'association est non seulement d'optimiser le système de pilotage des objets communicants, d'opérer un gain de temps et d'argent mais aussi de développer un nouveau service adjacent au business traditionnel de vente de produits, et qui assure la maintenance de leur connectivité (ex : voiture, chaudière, compteurs, électronique grand public...). Hans Vestberg, président d'Ericsson, avait déjà annoncé lors du Mobile world congress de Barcelone en 2012 que quelques 50 milliards d'objets seront bientôt connectés via les services M2M. De récents chiffres avancent le seuil de 200 milliards. Selon l'Idate (institut de l'audiovisuel et télécommunication européen), ce marché devrait atteindre 2,3 milliards d'euros en 2016. La plus forte croissance sera enregistrée par la zone Asie/Pacifique grâce à l'essor de pays comme la Chine, l'Indonésie, le Vietnam ou l'Inde. Tous les secteurs ciblés mais dans des proportions différentes Le M2M à l'heure actuelle est le concept qui répond le mieux aux attentes des entreprises. Cette technologie s'insère peu à peu dans (ou sur) les machines, les appareils, les véhicules, les emballages, les objets quotidiens, les équipements, les espaces publics... mais aussi les arbres, les zones inondables, les forêts incendiables, les animaux domestiques ou sauvages et même le corps humain (pacemaker, balise de repérage des détenus...). A titre d'exemple, un fabricant de matériel destiné à l'industrie hydrocarbure, utilisera le M2M pour permettre à ses clients de recueillir à distance des données sur les débits, les pressions, températures, niveaux de réservoir etc... Un fabricant de pompes à injection pour puits, aura recours à cette technologie pour donner à ses clients un moyen d'ajuster le fonctionnement de la pompe à distance (en fonction des conditions météorologiques), soit un moyen d'économiser les frais de déplacements de techniciens pour un simple ajustement sur site. Au sein d'une usine de production, le M2M permet à distance, la gestion de chaînes de fabrication ainsi que des processus complexes liés la maintenance des machines (télémaintenance), assurée par le fabriquant souvent depuis un pays étranger. Autre atout essentiel du système M2M, la connexion par satellite comme alternative. Ainsi, dès que les solutions sans-fil traditionnelles (principalement GSM et 3G) ne sont plus disponibles, le satellite sera la solution pour les applications M2M. Ceci est valable notamment pour les zones désertiques, mais aussi pour les océans où le besoin en M2M est essentiel au suivi des navires de pêche, de cargaisons dangereuses ou encore de monitoring d'éoliennes offshore.