La reconstruction des pays du Sud dans la perspective d'une reconfiguration plus équilibrée de l'ordre politique et économique mondial s'avère, aujourd'hui, "plus que nécessaire", ont plaidé mercredi des penseurs et chercheurs réunis à Alger autour de la question "Le Sud, quelles alternatives ?". Cette transformation implique des défis aux échelles nationales, mais aussi des défis de la solidarité des Etats et des peuples du Sud, ont affirmé ces penseurs au cours du colloque organisé par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) en collaboration avec le Forum mondial des alternatives (FMA) et le Forum du tiers-monde (FTM). "Notre premier objectif est d'arriver à l'autonomie de décisions. Au Sénégal, cela fait 30 ans que ne nous décidons pas par nous-même. C'est la feuille de route de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international qui est appliquée au lieu de la déclaration de politique générale du gouvernement, ce qui n'est plus acceptable", a déclaré à l'APS, Cherif Salif Sy, Dr. en sciences économiques et économie politique, et ancien conseiller technique chargé des questions économiques et financières à la présidence de la République du Sénégal. L'autre défi qui s'impose au Sénégal est d'arriver à une cohésion nationale pour amorcer une émancipation et avancer dans cette voie, a-t-il ajouté. L'essentiel est de concevoir les voies et moyens qui permettent aux peuples des pays du Sud de créer les conditions qui leurs permettront de s'imposer dans le façonnement de l'ordre mondial, a estimé le Dr. Fikret Baskaya, fondateur et président du Forum de Turquie et Moyen-Orient. La perspective, a-t-il poursuivi, est "socialiste et communiste, mais avant tout nationaliste". L'alternative capable de faire avancer la transformation des pays du Sud dans la direction du progrès social est l'invention d'une forme nouvelle de la pratique politique qui soit démocratique, a-t-il préconisé, mettant l'accent sur l'importance d'arriver à une cohésion sociale, mais surtout d'instaurer une solidarité entre les pays du Sud. Pour le sociologue belge François Houtart, la collaboration Sud-Sud est aujourd'hui nécessaire dans différents domaines. "La collaboration entre ces pays pour la définition d'une transition de développement est indispensable", a-t-il soutenu. Il s'agit, selon ce chercheur, de "se prémunir contre l'offensive du capital monopolistique et de renverser la logique du libre commerce international, ainsi que de réorienter, ensemble, les politiques dans le domaine de l'agriculture". Quant au penseur kenyan Firoze Manja, il a souligné la nécessité de créer un mouvement de solidarité panafricaine et Sud-Sud. Il a conditionné la réussite de la transformation des pays du Sud par leurs capacités à "forger des alliances qui s'inspirent des expériences et des différentes histoires des peuples du Sud".