Les ministres membres du Peuple de la Liberté (PLD, centre droit) de Silvio Berlusconi ont remis leur démission, a annoncé samedi soir une porte-parole d'Angelino Alfano, vice-Premier ministre et dirigeant du PDL. Les cinq ministres ont tous suivi la consigne de Berlusconi qui avait jugé plus tôt "inacceptable" et "irrecevable" "l'ultimatum" du président du Conseil Enrico Letta, a précisé la même source. M. Letta avait demandé vendredi soir une clarification devant le Parlement à propos du soutien incertain du centre droit à son gouvernement de coalition droite-gauche. Dans l'après-midi, le Cavaliere avait invité, dans un message adressé à M. Alfano, les ministres PDL à "évaluer l'opportunité de présenter immédiatement leur démission pour ne pas se rendre complices d'une ultérieure vexation imposée par la gauche aux Italiens". "La décision adoptée hier par le président du Conseil de geler l'action du gouvernement, entraînant de cette façon l'augmentation de la TVA, est une grave violation du pacte de gouvernement", avait argumenté M. Berlusconi. Le conseil des ministres avait été convoqué vendredi par M. Letta afin d'ajourner l'augmentation prévue pour le 1er octobre de la TVA, mais, en raison de la crise politique, M. Letta avait repoussé toute décision. L'augmentation, de 21% à 22%, sera appliquée le 1er octobre. Cette hausse d'un point est redoutée par les milieux économiques car elle risque de peser sur la consommation et la reprise. Vendredi, en raison de la fronde permanente des partisans de M. Berlusconi, M. Letta "en colère" avait annoncé qu'il allait demander la confiance du parlement. La fronde des amis du Cavaliere avait été brusquement relancée mercredi : les parlementaires du PDL avaient alors menacé de démissionner en bloc pour protester contre le premier vote attendu, le 4 octobre, d'une commission du Sénat qui doit déchoir Berlusconi de son mandat, après sa condamnation à un an de prison pour fraude fiscale. Le Cavaliere a été condamné de façon définitive le 1er août à cette peine. Il avait jugé inique sa condamnation. Il devrait purger sa peine à domicile ou en effectuant des travaux d'intérêt général. Mais cette peine a pour effet de rendre inéligible le milliardaire qui a dominé la politique italienne des vingt dernières années. C'est ce que le camp Berlusconi refuse d'accepter. Selon le Parti démocrate (PD, centre gauche), la formation de M. Letta, il s'agit d'un dernier "chantage" du Cavaliere.