L'Italie a besoin d'un gouvernement stable et non de retourner aux urnes, a estimé samedi le président Giorgio Napolitano, au lendemain de la demande d'un vote de confiance exprimée par le président du Conseil Enrico Letta. Les mois de querelles entre partenaires de la coalition de gouvernement droite-gauche ont tourné vendredi à la confrontation directe, le Peuple de la liberté (PDL, formation de Silvio Berlusconi) refusant d'entériner des mesures budgétaires. Les relations entre partenaires de la coalition se sont détériorées depuis qu'au mois d'août, Silvio Berlusconi a été en dernière instance reconnu coupable de fraude fiscale et condamné à une peine de quatre ans de prison, ramenée à un an par la suite. Certains ténors du PDL ont menacé depuis lors de faire tomber le gouvernement si le Sénat, dans le sillage de la décision de justice rendue en août, décidait début octobre de priver Silvio Berlusconi de son siège à la chambre haute. Enrico Letta, qui a été contraint d'écourter son séjour à New York vendredi pour faire face à la crise politique, a déclaré à la presse avant son départ que les menaces brandies par la droite représentaient "une humiliation, pas personnelle, mais pour l'Italie". Samedi, le quotidien La Stampa écrivait que le gouvernement ne tenait "plus qu'à un fil". Si le gouvernement Letta tombe, Giorgio Napolitano devra soit décréter des élections législatives anticipées, soit favoriser l'avènement d'une autre coalition. "Nous avons besoin d'un parlement qui débatte et travaille, et non qui soit dissous en permanence. Nous avons besoin de continuité", a déclaré le chef de l'Etat, samedi, à Naples. "Nous n'avons pas besoin d'être en permanence en campagne électorale. Ce qu'il nous faut, c'est résoudre les problèmes concrets", a-t-il poursuivi. UNE SEMAINE "DECISIVE" Les derniers sondages donnent les deux grands blocs au coude à coude au parlement et de nouvelles législatives risqueraient fort de se solder par une impasse politique. Actuellement, Enrico Letta dispose d'une majorité solide à la Chambre des députés et, s'il parvenait à rallier à lui quelques dizaines de sénateurs du PDL ou de formations d'opposition comme le mouvement anti-establishment M5S, il serait à même de former une nouvelle coalition. A son retour de New York, Enrico Letta a réuni vendredi soir un conseil des ministres pour tenter une dernière fois d'obtenir le soutien du PDL aux nouvelles mesures budgétaires, nécessaires pour ramener le déficit italien dans les limites autorisées par l'Union européenne. Il espérait également obtenir le feu vert du PDL à la hausse de la TVA. Le relèvement de son taux de 21 à 22%, décidé par le précédent gouvernement, doit normalement entrer en vigueur au 1er octobre, mais le PDL s'y refuse toujours. A l'issue du conseil des ministres, Enrico Letta a déclaré que les décisions sur les mesures budgétaires étaient suspendues en l'attente du vote de confiance, dont la date précise n'a pas encore été arrêtée. Guglielmo Epifani, secrétaire du Parti démocrate (PD, parti de centre gauche d'Enrico Letta), a déclaré samedi que sa formation en avait assez de l'attitude actuelle du PDL. "Nous ne pouvons pas continuer avec un gouvernement qui est miné jour après jour par les menaces et par le chantage", a-t-il dit, ajoutant que la semaine à venir serait "décisive".