Les participants à la rencontre sur le thème "Le Sud, quelles alternatives ?" ont appelé lundi à Alger à un "Bandung des peuples", seule alternative pour faire front à l'impérialisme et au néolibéralisme. Ils ont estimé que "devant le manque de coopération entre les Etats du Sud, c'est aux peuples de cette partie de l'hémisphère de la planète de se solidariser pour préserver leur souveraineté et assurer leur émancipation", appelant ainsi à créer une fédération à même de coordonner leurs efforts et leurs actions. Intervenant lors des débats de cette rencontre qu'abrite la Bibliothèque nationale d'Algérie du 25 au 30 septembre, les participants ont déploré le fait que la "gauche radicale", censée être "audacieuse", soit "détruite et infiltrée" dans plusieurs pays. Insistant sur la solidarité des peuples du Sud, ils ont relevé aussi le "recul" de la gauche radicale "qui a cédé le terrain à des Organisations non gouvernementales (ONG), dont la plupart exécutent les programmes et orientations de l'impérialisme qui les finance et les impose". Les intervenants considèrent, en outre, qu'il était temps de "reconquérir certains espaces et discours pour recréer la gauche radicale", tout en révisant sa "forme organisationnelle". Dans ce sens, le syndicaliste indien, Krishana Murphy Padmanabhan, a critiqué les ONG, dont la mission est de "dépolitiser les mouvements sociaux" à travers le monde, d'où "l'impérieuse nécessité" d'aller vers une coopération Sud-Sud. Pour sa part, l'universitaire sénégalais Aziz Salmane Fall a qualifié l'impérialisme de "virus" et "d'"ennemi du monde" qui oeuvre à la "paupérisation des peuples". Dans le même sens, M. Fall a relevé que les pays du Nord, dont la longévité de la population est "importante" et le taux de natalité est en "régression", ont recours aux compétences du Sud, lesquelles ont l'opportunité reconquérir des espaces pour "insuffler un nouvel ordre mondial au service des peuples du Sud". Toutefois, il a estimé que le "virus" de l'impérialisme a fait que les jeunes du Sud font montre d'une "désaffection" aux luttes et mouvements populaires, rendant "difficile" la tâche d'établir un nouvel ordre mondial favorable aux pays du Sud. La rencontre "Le Sud, quelles alternatives ?" entre dans le cadre de la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance. Elle réunit des penseurs de 25 pays, engagés et connus pour leurs publications et leur rôle d'animateurs de centres de recherches "influents". La rencontre est organisée par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), les éditions APIC et le ministère de la Culture, en collaboration avec le Forum mondial des alternatives (FMA) et le Forum du tiers-monde (FTM). Elle intervient à un moment de questionnements théoriques pressants sur l'avenir du monde, dans des directions associant le progrès social, l'invention des formes de la démocratisation et l'affirmation des souverainetés nationales, relèvent ses organisateurs.