Si à Constantine les discussions tournent encore, à quelques jours de l'Aïd El Adha, autour du mouton à sacrifier, ce qui est normal au regard de son prix, un autre sujet de conversation s'est immiscé pour ravir la vedette au "kebch" : le match barrage Burkina Faso-Algérie en éliminatoires du Mondial 2014, dans moins de deux jours. Il n'est pas un café, un coin de rue, partout sur le Vieux Rocher, où il n'est question de cette rencontre décisive des Verts et des chances de Madjid Bougherra et de ses camarades de revenir d'Ouagadougou avec un bon résultat. Si jeunes et moins jeunes se plaisent à soupeser les capacités des "Etalons" burkinabés à contrarier les plans d'Halilhodzic, tout le monde (ou presque) se dit confiant et affiche son optimisme quant à l'issue de ce match dont on s'accorde cependant à affirmer qu'il sera "très difficile" à cause de la motivation de l'adversaire qui rêve de disputer une première coupe du monde, mais aussi à cause de la chaleur. Sofiane Benkhlaïf, 36 ans, maçon dans une entreprise de bâtiment à Ali Mendjeli, est même catégorique : "l'équipe burkinabaise a beau renfermer d'excellents joueurs comme Jonathan Pitroipa, Aristide bancé ou Bakary Koné, elle ne pourra pas empêcher Sofiane Feghouli, El Arabi Hillal Soudani et Saphir Taïder de rentrer à Alger avec au moins un match-nul". Un avis que Mourad Aïmour (30 ans), gérant d'un bureau de tabac, est à mille lieues de partager. Ce passionné de football craint par-dessus tout que l'équipe algérienne ne prenne son adversaire à la légère, ce qui serait, selon lui, "proprement catastrophique". Tout le monde se souvient, ajoute Mourad, que "les Algériens, moi le premier, avaient sauté de joie lorsque cette affiche avait été tirée au sort, et tout le monde se voyait déjà au Brésil". Il va falloir, souligne-t-il plein d'assurance, "respecter cette équipe, du Burkina Faso et surveiller ses redoutables attaquants comme le lait sur le feu". Mourad conclut en estimant que l'EN, pour se qualifier, devrait disputer ce match "comme une finale, en oubliant qu'il y aura un match retour à Blida". Par ailleurs, et comme en Algérie il y a autant de sélectionneurs que d'habitants, chacun y va de son "onze idéal pour venir à bout des burkinabés". Les pro-Aoudia, les pro-Slimani et autres pro-Ghilas pour le poste d'attaquant de pointe, les partisans d'un milieu de terrain avec ou sans Hassen Yebda, ceux qui préfèrent Faouzi Ghoulam à Djamel Mesbah (et vice-versa) sur le flanc gauche de la défense, étalent toute leur "science du football" et glissent même dans leur argumentation des "moi si j'étais à la place du sélectionneur". C'est le vieux Noui L'Mili (76 ans) qui parviendra à mettre tout le monde d'accord en affirmant que l'équipe algérienne, consciente de l'enjeu de la rencontre, "sortira de grands matches à Ouagadougou et à Blida, et se qualifiera pour le Mondial brésilien" car, soutient-il, "quand il s'agit de défendre le drapeau algérien, les nôtres ont toujours répondu présent". Même si la ferveur observée ces derniers jours à Constantine n'a rien de comparable avec la passion débordante qui avait accompagné le fameux match d'Omdourman, en 2009 face à l'Egypte, la "fièvre verte" gagne du terrain et il y a fort à parier que samedi prochain à l'heure de la rencontre (17h00), il n'y aura pas grand monde dans les rues de Constantine.