Le chef du gouvernement italien Enrico Letta s'est réuni lundi avec les hauts responsables du gouvernement pour discuter du renforcement du dispositif militaire et humanitaire en Méditerranée à la suite de deux naufrages qui ont fait environ 400 morts en une semaine. Lors de la rencontre entre M. Letta et les ministres de la Défense, de l'Intérieur et des Affaires étrangères et les plus hauts gradés de l'armée, les parties ont examiné des mesures pour sauver davantage de vies humaines en Méditerranée et assurer un engagement majeur d'autres pays de l'Union européenne. L'Italie a d'ores et déjà déployé 15 navires, dont 12 vedettes des garde-côtes et de la police financière qui opèrent dans un rayon approximatif de 40 milles (environ 75 kilomètres) autour de l'île de Lampedusa, principale porte d'entrée en Europe des migrants arrivant d'Afrique. Rome dispose également de trois bâtiments militaires, deux patrouilleurs et une frégate, qui opèrent en dehors de ce rayon de 40 milles, selon le quotidien La Stampa. Plusieurs hélicoptères, ainsi que des avions spécialement équipés avec des capteurs permettant le contrôle de la mer y compris la nuit, complètent ce dispositif. Les autorités militaires italiennes envisagent de doubler et même de tripler ce dispositif et réfléchissent aussi à l'utilisation de drones pour la surveillance maritime, selon le journal. Cette décision a été prise à la suite d'un premier naufrage, le 3 octobre, près de l'île de Lampedusa, dont le bilan provisoire actuel est de 364 victimes, suivi d'un deuxième naufrage, vendredi, près de Malte, qui a fait 36 morts. Avec sa mission "militaro-humanitaire", l'Italie veut éviter que ne se reproduisent de tels drames et lancer un signal à l'Europe. "C'est un engagement (en hommes et matériels, NDLR) qui nous permettra de demander à l'UE de faire la même chose", a affirmé Mario Mauro, ministre de la Défense, cité par Repubblica. Le chef du gouvernement maltais, Joseph Muscat, qui s'est rendu dimanche en visite éclair en Libye a estimé que l'Italie et Malte sont laissés seuls face à un "problème énorme". De l'Europe dont les dirigeants se réuniront pour un sommet les 24 et 25 octobre, M. Muscat attend "non pas de l'argent" mais "un engagement politique" et une "stratégie claire". M. Letta a indiqué lundi qu'il demandera lors du sommet le renforcement de Frontex, l'agence de surveillance des frontières européennes. Selon la presse, il voudrait aussi qu'un Italien soit nommé à sa tête en 2014.