Le refus de l'Arabie Saoudite d'entrer au Conseil de sécurité pour protester contre "l'impuissance" de ce dernier à régler les conflits, relance le débat sur la réforme de cet organe exécutif des Nations unies, pourvu de la principale responsabilité du maintien de la paix et la sécurité internationale. La réaction de Riyad, cas unique dans les annales du Conseil de sécurité, est à inscrire, selon nombre d'experts, dans la revendication, vieille d'une vingtaine d'années, portée par une majorité des membres de l'ONU, de démocratiser ce conseil qui continue à évoluer à contre-courant d'une géopolitique complètement bouleversée. Les négociations et les débats sur la réforme du Conseil de sécurité, initiées, il y a plus de deux décennies, pour assurer un rééquilibrage en faveur d'une meilleure représentation, conforme aux nouvelles réalités politiques et économiques, n'ont abouti à aucune réforme structurelle. La seule réforme introduite au conseil, demeure celle relative à l'élargissement, en 1963, du nombre des membres non permanents, passant de 6 à 10. Toutes les initiatives tendant à rendre ce conseil plus représentatif dans sa composante et plus transparent dans son fonctionnement n'ont pu trouver le chemin de leur concrétisation. D'ailleurs, aucun texte ni calendrier n'a été établi depuis la décision de procéder à la réforme du conseil. La frustration de ne pas participer aux affaires du monde et d'être tenu à l'écart du processus décisionnel, pourvoyeur de résolutions, n'est pas seulement exprimée par les "petits pays". Elle est fortement ressentie par des pays, se considérant comme grosses pointures au regard de leur poids économique et politique. Le Japon et l'Allemagne, éligibles au statut de grande puissance et respectivement deuxième et troisième contributeur du budget des Nations unies ne sont toujours pas représentés au conseil. Il est en de même pour les pays qui tirent la croissance économique mondiale, dits pays émergents comme l'Inde et le Brésil ainsi que pour les locomotives du deuxième cercle, aspirants à l'émergence. Un mode de fonctionnement décrié pour sa teneur politique Deux grands continents, figurant en bonne position ne serais-ce que dans ce qu'il est convenu d'appeler la géopopulation, l'Afrique et l'Amérique Latine en l'occurrence, n'ont pas, non plus, de siège permanent. Cette situation qui reproduit un schéma caduc, né de la Deuxième Guerre mondiale, a contribué amplement à paralyser l'action internationale du Conseil de sécurité qui a été incapable de préserver la paix dans le monde encore moins la prévenir, estiment encore des experts. Son mode de fonctionnement, si souvent décrié pour sa teneur politique, en raison particulièrement de l'instrumentalisation du droit de veto, faisant de lui un outil diplomatique au service d'intérêts étroits, soulignent-ils encore. Ces derniers rappellent que le veto des Etats-Unis, à titre d'exemple, a été actionné onze fois pour bloquer des projets de résolution condamnant la politique d'Israël dans les territoires occupés. La Russie, elle, l'ayant utilisé sept fois dont le dernier concerne un projet contre la Syrie. L'"utilisation politique" du droit de veto constitue, pour plusieurs experts, le "plus grand obstacle à éliminer". Aucune remise en cause n'est à envisager à ce niveau. Les cinq membres permanents l'ont fait savoir dès le lancement des débats sur la réforme du conseil, forts de l'article 109 de la Charte des Nations unies qui fait passer toute modification par une ratification des deux-tiers des membres de l'Onu, y compris tous les membres permanents du conseil. En outre, les négociations s'éternisant autour de l'élargissement du conseil, n'arrivent toujours pas à trouver consensus sur l'étendue de l'élargissement et la catégorie d'adhésion (membres permanents et non permanents). Renforcement du multilatéralisme et transparence L'Algérie, qui privilégie la dimension régionale, milite dans le comité des dix, mis en place par les chefs d'Etat africains et de gouvernement pour une meilleure représentation de l'Afrique. La quête d'une représentation équitable passe, pour Alger, par une revitalisation de l'Assemblée générale qui aiderait à trouver plus aisément un compromis pour la réforme du conseil. Deux options ont été mises sur la table par les Africains : la première tend à porter le nombre des membres de 15 à 24 dont six permanents parmi lesquels deux seraient africains, la deuxième plaidant pour des sièges supplémentaires de membres permanents et semi permanents, élus pour quatre ans et pouvant être réélus pour deux années. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra a, pour sa part, appelé, lors de la dernière assemblée générale de l'ONU, en septembre dernier, à New York à "réglementer l'utilisation du droit de vote" et à "accorder un certain contrôle d'opportunité à l'assemblée générale sur les actes du conseil de sécurité". Pour beaucoup d'experts, la solution à l'inertie qui caractérise le Conseil de sécurité, réside dans le renforcement du multilatéralisme et dans la transparence à conférer à son mode de fonctionnement par la mise en place de critères démocratiques pour assurer un équilibre en parfaite concordance avec les nouvelles réalités du monde.