Al-Haqiqa (Vérité), un Collectif regroupant des associations marocaines des droits de l'homme activant en Europe, projette de rouvrir prochainement au Parlement européen le débat sur les "disparitions forcées" au Maroc. "Le Collectif Al-Haqiqa, qui regroupe des Ong agissant en Europe, projette de rouvrir le débat et d'interpeller les autorités marocaines en organisant courant 2014 une grande rencontre sur la disparition forcée au Maroc", a annoncé le collectif dans un communiqué dont l'APS a reçu une copie. Selon le Collectif, cette rencontre prendra la forme d'un "colloque d'analyse et de réflexion" au Parlement européen à Bruxelles, auquel prendront part des avocats, la Coordination des familles des disparus au Maroc, le Comité de suivi des violations graves des droits de l'homme (AMDH-OMDH-FMVJ) et des eurodéputés. Rendue publique simultanément à Paris, Bruxelles et Amsterdam, l'action d'Al-Haqiqa intervient à l'occasion de la commémoration, tant dans la capitale française qu'à travers le Royaume du Maroc, du 48e anniversaire de l'enlèvement de l'opposant anticolonialiste Mehdi Ben Barka. Le Collectif a dit s'associer à cette occasion à la famille du disparu et à tous les démocrates et défenseurs des droits de l'homme pour demander aux deux Etats marocain et français de "permettre l'accès de la justice à tous les éléments et informations pouvant aider à la manifestation de la vérité sur son enlèvement et son assassinat". Il condamne, à cet effet, "tous les blocages des Etats marocain et français qui empêchent l'instruction judiciaire, ouverte depuis près d'un demi-siècle, d'aboutir et entravent la recherche de la vérité". Al-Haqiqa note que les cas "emblématiques" de Mehdi Ben Barka et de Hocine El-Manouzi (enlevé le 29 octobre 1972 en Tunisie) ainsi que ceux de "plusieurs autres disparitions forcées n'ont toujours pas été élucidés". Il relève que les recommandations de l'Instance Equité et Réconciliation (IER), mise en place le 12 avril 2004 par l'Etat marocain pour solder le passif des "exactions et violations graves des droits de l'homme, n'ont toujours pas trouvé leur voie vers la réalisation". Pour le Collectif, la vérité et la justice sont "loin d'être faites" et restent la "priorité" des revendications des ONG marocaines des droits de l'homme. Créé il y a une dizaine d'années au moment de la mise sur pied par les autorités marocaines de l'IER, le Collectif Al-Haqiqa sur "la disparition forcée et les enlèvements au Maroc" a été relancé récemment, après un gel de ses activités depuis quelques années. Composé essentiellement d'associations marocaines activant en Europe, il avait adressé en 2004 un Mémorandum aux autorités marocaines dans lequel il demandait "l'arrêt des tracasseries subies par les anciens exilés et leurs familles", "l'obtention d'une attestation d'amnistie et de non poursuite du Collectif", et"d'agir pour mettre fin (aux) intimidations sécuritaires par la suppression des fichiers, hérités des années de plomb". En avril dernier, le Collectif avait exprimé, dans une lettre adressée au gouvernement marocain, son "inquiétude" quant à la situation carcérale et au traitement réservé aux prisonniers politiques grévistes de la faim dans le Royaume.