L'indexation des prix du gaz sur ceux du pétrole, une politique suivie depuis des années par l'Organisation des pays exportateurs (Opep), est un choix éprouvé qui nécessite une "actualisation" par rapport aux "réalités" du marché, a estimé, mardi à Paris, l'ancien ministre algérien de l'Energie, Nordine Ait-Laoussine. "Pendant très longtemps, nous avons utilisé cette indexation. C'était dans nos intérêts et nous n'étions pas les seuls. Aujourd'hui, ce principe est abandonné de plus en plus parce que les réalités du marché aujourd'hui ne sont plus les mêmes", a déclaré M. Ait-Laoussine à l'APS, en marge du 18e sommet international du gaz et de l'électricité qui se tient dans la capitale française. Selon les prévisions du président du sommet et président de Nalcosa, une société de conseil en énergie basée à Genève, il arrivera un moment où des partenaires sur le marché énergétique "se débarrasseront de cette indexation". "Je ne vois pas notre pays être parmi les rares à vendre son gaz sur la base de l'indexation sur le pétrole", a-t-il dit, suggérant qu'un "jour, on actualise, un petit peu notre politique". A la question de savoir quel "mécanisme" de substitution pourrait intervenir en la matière alors que les prix du gaz continuent de connaitre des disparités à travers le monde, l'ancien responsable Aval du groupe Sonatrach a suggéré une "formule dynamique hybride" qui, selon lui, permettrait de passer progressivement de la formule actuelle à une autre qui "reconnaisse de plus en plus les réalités du marché". "L'idée est d'indexer, en partie, les prix du gaz sur ceux du pétrole et, en partie aussi, sur ce qu'on appelle les prix postés (hub)", a-t-il expliqué, ajoutant que "se cantonner dans une position rigide ne sert pas aujourd'hui des pays comme le mien (l'Algérie, ndlr)". Lors du 17 sommet international de l'électricité et du gaz tenu à Paris en octobre 2012, Ali Hached, conseiller auprès du ministre de l'Energie et des Mines, avait réaffirmé qu'il n'existe pas pour l'heure un "modèle de substitution" à l'indexation des prix du gaz sur ceux du pétrole, politique visant surtout à garantir des prix à même d'assurer les investissements sur le long terme. "Il est juste que les marchés gaziers européen et asiatique se sont développés à partir de contrats internationaux de fourniture de gaz à long terme, structurés pour garantir le financement des investissements de l'ensemble de la chaîne gazière, du producteur au consommateur", a-t-il déclaré, se demandant si on pouvait prendre le risque de "fragiliser" les bases de ce modèle, qui ont fait leur preuve et assuré dans la sérénité le développement à grande échelle de l'industrie mondiale et du commerce international du gaz en assurant la sécurité énergétique à long terme. Membre influent de l'Opep, l'Algérie est l'un des premiers pays africains en terme de réserves en hydrocarbures en produisant en 2011 plus de 205 millions tonnes équivalent pétrole. Elle occupe la 5e place mondiale en matière de liquéfaction du gaz naturel et contribue à hauteur d'environ 15% de la demande gazière de l'Union européenne. Le pays dispose, par ailleurs, d'une capacité totale d'exportation par gazoduc de plus de 52 milliards de M3/an. Le sommet International du gaz et de l'électricité est une conférence organisée chaque année à Paris depuis 1996 par IFP Training, filiale de l'Institut Français du Pétrole, la revue spécialisée Pétrostratégies et l'IFP Energies nouvelles, organisme public de recherche, d'innovation et de formation dans les domaines de l'énergie, du transport et de l'environnement.