Le courage, le soutien de l'avocat anticolonialiste Jacques Vergès, à la cause algérienne et son apport à la révolution algérienne contre l'occupation française, ont été évoqués mardi à Alger par des moudjahidine et des avocats, lors d'une rencontre-hommage organisée dans le cadre du 18ème Salon international du livre d'Alger (SILA). La moudjahida Zohra Drif-Bitat, la nièce du défunt avocat, Françoise Vergès, ainsi que d'autres avocats, ont salué le rôle joué par Jacques Vergès dans la défense des peuples qui luttaient pour la liberté, dont le peuple algérien, en mettant en relief, à cette occasion, sa stratégie de rupture avec la justice de la France coloniale, développée avec le collectif des avocats du Front de libération nationale (FLN) pendant la guerre de libération nationale . La moudjahida Drif-Bitat, symbole de la "Bataille d'Alger" aux côtés de Yacef Saadi, Ali La Pointe, Hassiba Ben Bouali et d'autres figures emblématiques de la guerre de libération nationale, est revenue longuement sur les circonstances qui marquaient la période où a lieu la première rencontre avec Me Vergès et la confiance qu'inspirait cet avocat anticolonialiste qui "était prêt à dénoncer publiquement, en France et ailleurs, la pratique de la torture en Algérie". Elle a affirmé que Me Vergès, à travers le procès de Djamila Bouhired, Djamila Bouazza, Abdelghani Mersali et Abderahman Taleb, a "proclamé la légitimité du combat libérateur de tous les combattants algériens" et a "réussi à mettre à nu la parodie de la justice de la France coloniale et sa partialité", prouvant ainsi que cette justice était "incompétente et inapte à les juger", a-t-elle dit avec émotion. Selon Mme Drif-Bitat, la stratégie de rupture avec la justice française de l'époque "conçue, élaborée et mise en œuvre par Me Vergès lors de ce procès de 1957, a "suscité des débats sur les juridictions françaises et leur nature inique", saluant, pour la même occasion, le courage et la conviction des justiciables algériens, d'avoir accepté cette stratégie, première du genre en Algérie colonisée, quelles que soient les conséquences. Elle a également décrit avec beaucoup de détails et précisions les conditions et le climat dans lesquels s'est déroulé le procès, son caractère "inédit" ainsi que sa "diabolisation" par la presse française, rappelant à chaque fois, que ce procès a "permis d'alerter l'opinion publique internationale sur les méthodes utilisées par l'armée française et la justice employée à l'égard des combattants algériens depuis le début de la colonisation". "Jacques Vergès est l'âme de la libération nationale. C'était un avocat extraordinaire doté d'une grande sensibilité. Quelle chance d'avoir compté dans notre rang ce brillant homme qui a sauvé des dizaines de condamnés à mort et porté la cause algérienne dans son cœur car convaincu du droit du peuple algérien de vivre libre dans son propre pays, l'Algérie", a-t-elle dit sans pouvoir retenir ses larmes. Pour sa part, le membre du premier collectif d'avocats du FLN, Me Ghouti Ben Malha, qui a connu Me Vergès lors du conseil de l'Union internationale des étudiants à Bucarest (Roumanie) en 1950, a indiqué que ce "redoutable" et "courageux" avocat a "adopté la position algérienne pour ne plus reconnaître les compétences de la justice française de l'époque et rompre avec les tribunaux coloniaux". Né au Cambodge, Jacques Vergès est décédé le 15 août 2013 à l'âge de 88 ans. Le 18ème Sila se poursuit jusqu'au 9 novembre au Palais des Expositions (Pins Maritimes) sous le slogan "Ouvre-moi au monde" avec la participation de près de 1.000 exposants algériens et étrangers.