La dépouille mortelle de l'avocat anticolonialiste et un des défenseurs des militants du FLN durant la guerre de libération nationale Jacques Vergès, décédé jeudi dernier suite à une crise cardiaque à l'âge de 88 ans, a été inhumée mardi au cimetière du Montparnasse à Paris. Une foule compacte, composée essentiellement de proches, dont ses enfants Meriem et Lyès, des personnalités politiques à l'instar de l'avocat et ancien ministre Roland Dumas, de nombreux avocats en toges et des anonymes, a accompagné celui qu'on surnommait "l'avocat du diable" à sa dernière demeure. Un tonnerre d'applaudissements et des youyous stridents avaient accompagné la sortie du cercueil de l'église Saint-Thomas d'Aquin ou ont été célébrées les obsèques, auxquelles étaient également présentes la ministre de la culture, Khalida Toumi, la sénatrice et ancienne combattante Zohra Drif-Bitat et la moudjahida Fatima Ouzegane. Au cours de la cérémonie religieuse, le prêtre Alain Maillard de La Morandais, un ami de longue date de l'avocat, a dit qu'il l'appelait "affectueusement l'avocat du diable". "Il a eu le courage de ses passions, privées et publiques", a déclaré le religieux devant l'assistance réunie dans la petite église baroque. Son collègue Me Thierry Levy a parlé, pour sa part, d'un ami qui "pratiquait l'art de déplaire". "Il avait substitué la défense de la rupture à la défense de connivence", a-t-il témoigné. La bâtonnière du barreau de Paris, Me Christiane Féral-Schuhl, a dit retenir de feu Vegrès un avocat qui a " marqué le 20 eme siècle". "C'était un avocat engagé, qui a porté la Défense jusqu'au bout", a-t-elle indiqué à la presse, signalant que cela lui a valu beaucoup de "titres" dont celui d'"avocat du diable". "Tout le monde s'accorde à dire qu'il y a du courage dans la démarche qui a été la sienne", a-t-elle témoigné. Me Jacques Vergès est décédé le 15 août à Paris suite à une crise cardiaque. Les Algériens retiendront surtout de ce remarquable avocat sa défense de la moudjahida Djamila Bouhired, une cliente qu'il épousera par la suite et avec qui il aura deux enfants. D'abord militant du Parti communiste français qu'il quitta pour l'avoir jugé "tiède" à l'époque sur la question algérienne, il rejoint le FLN au sein duquel il milite sous le nom de Mansour. Son attachement à l'Algérie, il le manifestera à l'indépendance en prenant la nationalité d'un pays qu'il a tant chéri. Il deviendra même responsable au Cabinet du ministre des Affaires étrangères. En janvier dernier à Paris, il a été honoré par l'Algérie pour ses "nobles actions" envers la cause nationale et son engagement en faveur du combat libérateur du pays. Une attestation de reconnaissance ainsi qu'une médaille honorifique lui ont été remises, au nom du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, par le Consul général d'Algérie à Paris, M.Rachid Ouali, lors d'une cérémonie célébrant la double fête du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954 et du cinquantenaire de l'indépendance nationale.