L'Algérie perd en l'avocat Jacques Vergès un de ses siens et un géant du barreau, a affirmé, hier mardi, à Paris, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, lors de l'inhumation de l'avocat anticolonialiste au cimetière du Montparnasse, dans la capitale française. « L'Algérie, qui vient de perde un des siens, est affectée. Jacques Mansour Vergès était un moudjahid, un Algérien, un combattant. Et le monde aussi perd en lui un géant du barreau, qui aura marqué le XXe siècle, en fondant une démarche de défense militante », a indiqué la ministre, dans une déclaration à l'APS et à la télévision algérienne. Pour Mme Toumi, la première cause qui a permis au défunt avocat de mettre en œuvre cette démarche était le procès de la moudjahida Djamila Bouhired, arrêtée, grièvement blessée et cruellement torturée en 1957. « C'est à ce moment-là que Me Vergès a mis en œuvre sa démarche de procès de rupture par rapport à ce qu'il appelait les procès de connivence », a-t-elle rappelé, signalant que c'est « grâce à la cause algérienne qu'il a marqué le XXe siècle, l'histoire du barreau et du combat libérateur ». Aux yeux de la ministre, l'humanité aussi perd en l'avocat Vergès une « voix irremplaçable », car, a-t-elle dit, Jacques Vergès défendait la « vérité, la justice et haïssait l'oppression ». « L'Algérie, Etat et peuple, perd un des siens, un des meilleurs, au même titre que l'humanité qui vient de perdre aussi un grand Monsieur » a-t-elle ajouté. Me Jacques Vergès est décédé le 15 août à Paris suite à une crise cardiaque. Les Algériens retiendront surtout de ce remarquable avocat sa défense de la moudjahida Djamila Boouhired, une cliente qu'il épousera par la suite et avec qui il aura deux enfants. Une foule compacte, composée essentiellement de proches, dont ses enfants Meriem et Lyès, des personnalités politiques à l'instar de l'avocat et ancien ministre Roland Dumas, de nombreux avocats en toges et des anonymes, a accompagné celui qu'on surnommait « l'avocat du diable » à sa dernière demeure.