Le président tunisien Moncef Marzouki a affirmé mardi sa neutralité dans le choix d'un nouveau Premier ministre, reporté sine die faute d'accord entre le parti au pouvoir Ennahda et l'opposition, affichant sa confiance dans la capacité de son pays à surmonter la crise. "Le président ne soutient aucun candidat particulier au poste de chef du gouvernement", a assuré la présidence tunisienne dans un communiqué publié au lendemain de la suspension sine die des pourparlers. Le chef de l'Etat "acceptera dans le cadre du respect de l'organisation provisoire des pouvoirs publics le candidat sur lequel se mettront d'accord les partis dans le cadre d'un consensus national", a indiqué le communiqué. M. Marzouki a salué les efforts fournis par le quartette médiateur (UGTT, syndicat, Utica, patronat, Ligue des droits de l'Homme et Conseil de l'Ordre)" et invité, a ajouté le communiqué, tous les partis "à faire preuve de responsabilité (...) pour permettre au peuple d'élire dans les plus brefs délais une assemblée parlementaire dans le cadre d'une nouvelle Constitution". Les pourparlers entre Ennahda et l'opposition ont été suspendus lundi faute d'accord entre les deux camps : Ennahda et leur allié laïc Ettakatol campant sur leur candidat, Ahmed Mestiri, 88 ans, et l'essentiel de l'opposition sur Mohamed Ennaceur, 79 ans, deux vétérans déjà ministres à l'époque du père de l'indépendance, Habib Bourguiba. La candidature de Abdelkarim Zbidi, ancien ministre de la Défense, a été proposée par l'opposition mais refusée par l'intéressé, dont les rapports avec le président Marzouki sont notoirement "mauvais". Le parti Nidaa Tounès a ainsi fait porter la responsabilité de l'échec du dialogue au président M. Marzouki. "La présidence a fait capoter le dialogue", a déclaré Taïeb Baccouche, numéro deux du principal parti d'opposition. Plus tôt dans la journée, M. Marzouki a déclaré, après un entretien à Paris avec son homologue français François Hollande, que "les tunisiens sont décidés à promouvoir un processus démocratique, quelles que soient les difficultés de l'instant". "La Tunisie traversera cette mauvaise passe" et "je pense qu'(elle) installera cet Etat démocratique transparent, non corrompu, qui pourrait être aussi en partie une réponse au terrorisme", a-t-il ajouté. "Le processus avance, avec des moments d'arrêts, mais nous sommes absolument décidés à le poursuivre", a insisté M. Marzouki. De son côté, François Hollande a souligné "l'importance, pour la France et pour tous ceux qui sont attachés aux droits de l'Homme et à la démocratie, que la transition puisse arriver à son terme en Tunisie". "Cela veut dire des élections dans le meilleur délai et organisées de manière incontestable", a-t-il dit.