Décidément, la classe politique tunisienne n'arrive plus à sortir de l'impasse dans laquelle elle s'est fourrée. Encore une fois, elle remet aux calendes grecques le dialogue national entamé depuis le 25 juillet. Les protagonistes ne sont pas arrivés, après deux ultimatums simultanés de 36 heures chacun, à se mettre d'accord sur le choix du futur chef du gouvernement. Le nom d'un nouveau chef du gouvernement tunisien devait être annoncé hier, mais au dernier moment les pourparlers entre les islamistes et l'opposition ont été suspendus sine die faute d'accord. "Nous avons décidé de suspendre le dialogue national jusqu'à ce qu'il y ait un terrain favorable à sa réussite" a déclaré, tard dans la nuit du lundi, le secrétaire général de l'UGTT, Houcine Abassi, soulignant qu'il n'y a aucun "consensus sur la personnalité qui dirigera le gouvernement". Comme à l'accoutumée, les deux camps se rejettent la responsabilité du blocage de ces pourparlers qui ne se sont pas achevés comme prévu à l'origine samedi. L'ancien ministre et fondateur du Mouvement des Démocrates Socialistes, Ahmed Mestiri, a indiqué, hier, qu'il voudrait, s'il était nommé au poste de chef du gouvernement, avoir Mohamed Ennaceur comme collaborateur. "J'ai confiance en Mohamed Ennaceur, je connais sa valeur", a déclaré Ahmed Mestiri au sujet de l'un de ses concurrents pour la place de chef de l'exécutif. Alors que Mestiri a refusé de se prononcer sur d'autres personnalités, précisant au passage qu'il tient à choisir ses collaborateurs. Dans le même sillage, la présidente de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica) et membre du Quartet, Wided Bouchemaoui, a exprimé sa déception de la classe politique tunisienne suite à la suspension du dialogue national. Wided Bouchemaoui considère que la classe politique ne mesure pas la gravité de la situation économique et sécuritaire du pays et qu'elle a déçu tout le peuple tunisien. En revanche, elle estime que le dialogue national n'a pas encore failli et qu'il est tout simplement suspendu. Selon elle, si chaque partie reste inflexible sur sa position par rapport au poste de Premier ministre, le dialogue national n'aura plus aucun sens. Pour sa part, le président d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, considère cette suspension comme le signe d'une volonté à reprendre le dialogue national, une volonté pleinement partagée par Ennahdha. Ghannouchi a renouvelé l'attachement de son parti à la candidature d'Ahmed Mestiri qui, selon lui, est le plus qualifié à devenir le Premier ministre du gouvernement à venir. Le leader au sein du parti Nidaa Tounes, Mohsen Marzouk, s'est exprimé en demandant une reprise du dialogue national sur de nouvelles bases. Selon lui, le Quartet doit reprendre la légitimité expirée de la Troïka et assurer un rôle temporaire au sein du pouvoir exécutif. Dans l'éventualité de la rupture complète du dialogue national, Mohsen Marzouk invite la Troïka à assumer ses responsabilités au pouvoir et demande la tenue d'élections sous supervision internationale. Mohsen Marzouk appelle à l'optimisme malgré la déception de la suspension du dialogue national et assure que la sortie de crise est proche. L'Union générale des travailleurs tunisiens a annoncé, hier, sur sa page Facebook, que son secrétaire général a été bel et bien proposé par le Front du salut comme Premier ministre lors des dernières séances du dialogue national. L'UGTT a affirmé l'information mais que Houcine Abassi l'avait catégoriquement décliné en réitérant sa volonté d'être neutre. I. O. Nom Adresse email