Les entreprises nationales ont tendance à subir la normalisation au lieu de l'adopter, au risque de mettre en péril leur pérennité notamment avec l'ouverture du marché et le démantèlement tarifaire, ont averti mercredi à Alger des experts. Selon ces experts, la problématique majeure relevée est qu' "aujourd'hui, c'est l'Institut algérien de normalisation (IANOR) qui va vers les entreprises nationales alors que dans d'autres économies, c'est l'inverse qui se produit". De plus, "dans la majorité des cas, les quelques entreprises qui font des demandes pour que l'IANOR élabore une norme pour leurs produits, n'assistent pas aux comités techniques", ont-ils déploré lors du séminaire organisé par le Forum des chefs d'entreprises (FCE). Placée sous le thème : "système normatif algérien, état des lieux et perspectives", la rencontre qui a regroupé des représentants de nombreuses Institutions (Douanes, l'IANOR, Bureau Veritas, Algerac) ainsi que les entreprises (BCR, Sasace) et des consultants, a eu le mérite de susciter la réflexion sur la nécessité d'introduire le système normatif dans la relance industrielle et économique permettant aux spécialistes de dresser un tableau sans complaisance sur la perception de la norme qualité par l'entreprise en Algérie. "L'entreprise algérienne doit introduire dans son concept, la norme qualité, comme elle le ferait aujourd'hui dans sa démarche sur l'expertise et le marché", ont-ils soutenu lors de ces travaux. Les spécialistes ont regretté que les textes élaborés dans ce domaine et mis en place par l'IANOR depuis 1998, ne soient pas suivis au niveau du contrôle de la qualité des produits commercialisés sur le marché. Selon un consultant, il existe plus de 7000 normes en Algérie, mais "nous savons très peu de ce que ce chiffre représente par rapport à d'autres pays et surtout de l'impact de ces normes sur le marché national". Pour le PDG de BCR, Amar Halimi, qui a présenté l'expérience de son entreprise en matière de certification, "la normalisation permet aux entreprises d'accéder aux marchés internationaux, d'améliorer la qualité des produits et la compétitivité des entreprises et de rassurer les consommateurs". La Directrice générale de l'IANOR, Ratiba Chibani, a tenu à préciser que cette institution n'est pas un instrument de contrôle, une mission qui relève d'autres structures, affirmant toutefois qu'afin d'encourager les entreprises à aller vers la normalisation, un guichet unique a été créé au niveau de l'IANOR pour développer la communication. De son côté l'expert en normalisation, Djenidi Bendaoud a affirmé dans son intervention que "nous sommes à l'ère de la préhistoire en termes de normes de qualité en Algérie, peut-être parce que nos entreprises ne réfléchissent pas en terme de pérennité mais en termes de gains (...), cependant il faut aller vers les normes pour qu'enfin le label "made in Algeria" soit synonyme de qualité, a-t-il conclu.