Les Forces armées de la République démocratique du Congo (RDC) consolidaient leurs positions mercredi dans le Nord-Kivu (Est) après une victoire totale sur le Mouvement rebelle du 23 mars (M23), qui menaçait depuis plus de 18 mois la stabilité de ce pays d'Afrique centrale. "Les Forces armées de la RDC (FARDC) consolident leurs positions conquises au prix du sang", a déclaré le porte-parole de l'armée congolaise pour le Nord-Kivu, le lieutenant-colonel Olivier Amuli, se félicitant d'un retour au "calme" dans la région. La RDC a annoncé mardi avoir remporté, avec l'aide de la Monusco (Mission de l'ONU dans le pays), une victoire totale sur le M23, né d'une mutinerie en avril 2012 d'anciens rebelles essentiellement tutsi, intégrés dans l'armée en 2009 après un accord de paix. La rébellion a contrôlé jusqu'à 700 km carrés limitrophes du Rwanda et de l'Ouganda. Les combats entre le M23 et l'armée congolaise, épaulée par les Casques bleus de l'ONU, avaient repris le 25 octobre après environ deux mois de trêve, et quatre jours après la suspension des pourparlers de paix entre les deux camps qui se déroulent à Kampala, capitale de l'Ouganda. Depuis la prise mercredi, de leur fief politique, Bunagana, les rebelles sont retranchés sur quelques collines proches de cette localité à la frontière avec l'Ouganda, à 80 km au nord de Goma, la province du Nord-Kivu. Dimanche, le président du Mouvement du 23 Mars, Bertrand Bisimwa, avait ordonné "à toutes les forces" de son mouvement rebelle "la cessation immédiate des hostilités" avec l'armée congolaise, "ceci pour permettre la poursuite du processus politique". Fin octobre, le président de la RDC, Joseph Kabila avait assuré que les succès militaires de l'armée congolaise contre les rebelles du M23 ne rendaient pas caducs les efforts diplomatiques en vue de parvenir à la paix. "Le succès de la contre-offensive dans les territoires occupés du Nord-Kivu n'a pas pour conséquence de rendre caduques les options politiques et diplomatiques en vue de rétablir une paix durable", a-t-il dit. Soulignant l'importance de "restaurer l'autorité de l'Etat dans la province du Nord-Kivuû, en particulier dans tous les territoires qui ont été libérés", le chef de la Monusco, Martin Kobler, a insisté mardi sur le fait qu'il fallait "finaliser les étapes prochaines de l'accord qui a été discuté à Kampala", entre le gouvernement de Kinshasa et la branche politique du M23. Une des revendications du M23 est que soient neutralisés les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), qui "harcèlent" régulièrement la communauté tutsi. Les autres groupes armés "incessamment" attaqués Après sa victoire sur les rebelles du M23, le gouvernement congolais, régulièrement accusé d'instrumentaliser et de soutenir les rebelles hutus dans sa lutte contre certains groupes rebelles soutenus, selon des experts de l'ONU, par le Rwanda et l'Ouganda, a annoncé mardi que l'armée allait lancer incessamment une offensive contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), présents dans l'Est de la RDC. Implantée dans l'Est de la RDC, le FDLR regroupe des extrémistes hutus dont certains ont participé au génocide rwandais qui a faits des centaines de milliers de morts, en majorité des Tutsis, en 1994. "Il n'y a plus de place dans notre pays pour quelque groupe irrégulier que ce soit", a déclaré le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende. "Le M23 était en tête de liste, ils ont été remplacés par les FDLR", a-t-il poursuivi. Selon M. Mende, la victoire obtenue contre les rebelles du M23 "n'a pas pour conséquence de mettre un terme aux efforts de normalisation de notre pays". "Cela se concrétisera par l'offensive que va lancer incessamment" l'armée contre les différentes milices qui pullulent dans la moitié est du pays, a-t-il indiqué. Après les FDLR, "ce sera les ADF-NALU et la LRA (rebelles ougandais, ndlr) puis les FNL" burundais et ensuite les différentes milices congolaises, a ajouté le ministre. Le chef de la Monusco, Martin Kobler, a par ailleurs indiqué mardi avoir "averti les autres groupes armés" qui pullulent dans la région, en particulier le FDLR, "de ne pas profiter du vide actuel" laissé par le M23 sous peine de s'exposer à une riposte ferme des Casques bleus destinée à protéger la population. Il a ainsi rappelé que la Monusco avait reçu la mission de mettre hors d'état de nuire tous les groupes armés congolais.