Un récit évoquant la vie et le parcours du père du mouvement national algérien, Messali Hadj, à travers le regard de sa fille Djanina Messali-Benkelfat, est paru sous le titre "Une vie partagée avec Messali Hadj, mon père". Cet ouvrage, sorti à l'occasion du 18ème Sila (Salon international du livre d'Alger) aux Editions Hibr et Lazhari Labter, se veut une "réhabilitation de la personne et la famille de Messali Hadj, longtemps accablées de contre-vérités historiques et de campagnes de diffamations", écrit l'auteure. D'entrée de jeu, la fille de Messali met en parallèle la "grande popularité" de Messali Hadj, les marques de sympathie et l'admiration des Algériens à son égard, et les conditions "humiliantes" de ses funérailles à Tlemcen en 1974, un paradoxe parmi d'autres relevés tout au long du récit. L'ouvrage que Djanina Messali-Benkelfat conçoit comme "une promesse faite au père", restitue la vie de Messali depuis son jeune âge dans sa ville natale de Tlemcen jusqu'à son élection à la tête de l'Etoile nord-africaine (ENA) en 1926, en passant par les évènements qui ont émaillé son engagement militant dont sa rencontre en France avec Emilie Busquant, fille d'un ouvrier syndicaliste, qui deviendra son épouse. Estimée de tous, Emilie Busquant, était considérée comme un trait d'union entre les pionniers de l'ENA. Elle "pouvait remplacer au pied levé n'importe qui, même Messali", au sein de la jeune formation politique, et cette qualité de la jeune femme "a favorisé la cohésion et l'esprit d'équipe au sein de l'Etoile, puis l'éclosion du PPA -Parti du peuple algérien", affirme Djanina Messali. Longtemps occulté, le rôle d'Emilie Busquant au sein du mouvement national était d'autant plus important, témoigne sa fille, que Messali Hadj a passé plusieurs années en exil, en résidence surveillée ou encore dans différentes prisons. L'auteure évoque aussi les principaux compagnons de lutte de Messali, à l'exemple d'Abdellah Filali, son "homme de confiance", Radjef Belkacem, "excellent orateur chargé des meetings et de la propagande", ou Aksas Ali qui assumait des "responsabilités purement politiques". Djanina Messali revient également sur la première apparition du drapeau algérien "le 5 août 1934, lors de l'assemblée générale de l'Etoile", comme rapporté dans les mémoires de Messali Hadj. Elle y ajoute juste que Mme Messali (Emilie Busquant) "qui travaillait à cette l'époque dans le dessin industriel était la plus qualifiée pour concevoir l'emblème". Revenant sur la création du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) et de l'Organisation Secrète (OS) chargée de préparer l'insurrection armée sous la direction de Mohamed Belouizdad, l'auteure évoque les relations difficiles entre son père et les futurs leaders de la révolution algérienne dont Mohamed Boudiaf à qui tout un chapitre est réservé dans le récit. Au déclenchement de la guerre de libération, le MTLD est dissous et se transforme, suivant le même processus, analyse-t-elle, en Mouvement national algérien (MNA). La fille de Messali détaille par le menu cette période cruciale dans l'histoire du mouvement national, le conflit entre le FLN (Front de libération nationale) et le MNA, ses raisons, ses menées ainsi que sa récupération par l'administration coloniale, le tout décrit comme "une guerre dans la guerre". L'auteure livre aussi les souvenirs de ses années passées aux côtés de Messali en tant que secrétaire particulière de 1953, date de la disparition d'Emilie Busquant (sa mère), jusqu'à l'indépendance le 5 juillet 1962. Jusqu'au décès de Messali Hadj en 1974, rappelle-t-elle dans ce livre-témoignage, elle sera le seul soutien du militant. Le livre a été publié "suite à l'initiative du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui a remis le nom de Messali dans l'espace public en tant que fondateur du mouvement national, restituant ainsi un +maillon manquant+ de l'histoire (...) Il raconte la vie d'une famille en la replaçant dans le contexte historique du mouvement national", a confié à l'APS Djanina Messali.