L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a appelé vendredi le groupe armé nigérian Boko Haram à ne plus attaquer de civils, l'accusant d'avoir enlevé des dizaines de femmes et d'utiliser des enfants dans les combats, ont rapporté des médias. HRW a également demandé au gouvernement nigérian d'enquêter sur les disparitions de centaines d'hommes et de jeunes garçons arrêtés par les services de sécurité, ainsi que sur de "sérieuses" allégations de torture et de mort en détention. "Beaucoup de familles nigérianes ont souffert et ont même perdu des proches à cause de Boko Haram et des forces de sécurité," a affirmé le directeur de la division Afrique à HRW, Daniel Bekele. "Boko Haram doit cesser de faire la guerre aux Nigérians ordinaires et le gouvernement devrait prendre des mesures urgentes pour demander des comptes aux soldats, qui, indépendamment de leur grade, ont torturé, fait disparaître et tué" des personnes. Boko Haram, dont le nom en langue haoussa, la langue la plus parlée dans le nord nigérian, signifie + l'éducation occidentale est un péché +, revendique la création d'un Etat islamique dans le nord du Nigeria. Les attaques de Boko Haram, ainsi que la répression par les forces de l'ordre, ont fait plusieurs milliers de victimes depuis 2009. Ansaru, faction plus radicale de Boko Haram, a revendiqué plusieurs enlèvements d'Occidentaux. Dans ses revendications d'attaques et d'enlèvements, le groupe a mentionné l'intervention de la France au Mali. Mais des experts considèrent plutôt le groupe comme une bande de criminels agissant sous couvert de revendications islamistes. HRW s'appuie sur une mission d'enquête de neuf jours menée en novembre à Kano, plus grande ville du nord du Nigeria, et Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno, considéré comme le fief de Boko Haram. Des enquêteurs ont interrogé plus de 60 "victimes et témoins", ainsi que des responsables médicaux, des groupes de défense des droits de l'homme locaux, des chefs des groupes d'autodéfense civile et des représentants du gouvernement, précise HRW dans son communiqué. En outre, le rapport dénonce des actes de vengeance menés par des membres du Boko Haram contre ceux qui auraient procuré des informations à l'armée sur les activités du groupe. L'organisation de défense des droits de l'Homme exhorte également Boko Haram à cesser d'utiliser des enfants mineurs dans leurs opérations, notamment celles liées au contre-espionnage. Le Nigeria a décrété l'état d'urgence en mai dans trois Etats du nord-est du pays considérés comme des foyers d'activité de Boko Haram, déployant des troupes dans ce secteur et coupant les communications avec le reste du pays. Depuis, le parlement a approuvé la prolongation de l'état d'urgence pour une période de six mois dans ces Etats.