Au total 44.642 actes de violence tous types confondus (physique, sexuel, psychique, économique et juridique) ont été perpétrées sur les 5.542 femmes marocaines ayant visité les centres d'écoute "Oyoune Nissaiya", durant l'année 2012, a indiqué le dernier rapport de l'Observatoire marocain des violences faites aux femmes. Selon ce rapport annuel, le cinquième du genre, chaque femme a subi, en moyenne, huit actes de violence parmi lesquels la violence psychologique représente 47% du total (soit 21.380), la violence physique (29%, soit 12.304), et la violence économique (13%, soit 6.369). L'étude rendue publique à l'occasion de la campagne internationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes (du 25 novembre au 10 décembre) évoque également la violence juridique avec 8% (3219 cas de violence), et la violence sexuelle avec 3% (1.370 cas). Suite à ces violences, six femmes ont été tuées, 198 autres sont tentées par le suicide à cause de la violence dont elles ont souffert, 47 se sont immolées par le feu et 23 ont gardé des séquelles indélébiles de leur maltraitance, relève le rapport. L'étude souligne que 73% des femmes qui ont visité le centre d'écoute de l'Observatoire sont généralement jeunes, âgées entre 15 et 38 ans mais également des femmes âgées de plus de 60 ans (82 femmes), ajoutant que la majorité des victimes habitent les villes (76%), alors que 10% vivent dans le périurbain et 14% habitent à la campagne. Le rapport a, par ailleurs, fait observer que la majorité des femmes violentées habitent dans les quartiers populaires ou appartiennent à la classe moyenne (47% résident dans des maisons traditionnelles et 30% dans des appartements). L'étude affirme, en outre, que 55% de ces femmes violentées sont mariées, mais que cette violence visait toutes les femmes indépendamment de leur statut puisque 28% des mères célibataires ont été violentées, 6% des femmes célibataires l'ont également été à l'instar de 9% des femmes divorcées et de 2% des veuves. Concernant leur niveau scolaire, l'étude indique que 31% des femmes sont analphabètes, 27% n'ont pas dépassé le niveau primaire, 14% ont un niveau secondaire, alors que 5% des femmes violentées ont un niveau universitaire. S'agissant de l'activité économique de ces femmes, 43% sont femmes au foyer et 57% ne sont pas indépendantes économiquement, 21% sont fonctionnaires ou ouvrières, alors que 14% sont au chômage. La violence à l'égard des femmes un phénomène très répandu L'Observatoire marocain a, d'autre part, présenté plusieurs recommandations pour mettre fin à ce phénomène, appelant à la nécessité de considérer la violence faite aux femmes comme une affaire d'opinion publique et exhortant l'Etat à assumer ses responsabilités par la révision radicale des lois en vigueur pour les mettre en adéquation avec la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Parmi ces recommandations, l'Observatoire demande notamment la révision de la loi "conformément à une philosophie pénale qui garantisse l'égalité entre les deux sexes", et l'adoption dans les plus brefs délais d'une loi afférente à la lutte contre la violence à l'égard des femmes "qui soit conforme aux normes internationales. La violence à l'égard des femmes est un phénomène très répandu au Maroc où près de 6 millions de femmes âgées de 18 à 64 ans sur 9 millions soit 62,8 % de Marocaines ont subi un acte de violence sous une forme ou une autre, selon une enquête menée par le Haut-commissariat au plan marocain (HCP) entre juin 2009 et janvier 2010. D'après cette enquête réalisée sur un échantillon de 8.300 femmes la majorité de ces femmes sont issues du milieu urbain, et 23% d'entre elles ont "subi un acte de violence sexuelle à un moment ou un autre de leur vie", précisant que de toutes les formes de violence, "la plus fréquente et la plus répandue est la violence psychologique" définie comme un "acte qui consiste à dominer ou à isoler une femme, ainsi qu'à l'humilier ou la mettre mal à l'aise".