La production annuelle de poisson d'élevage devrait atteindre 70.000 tonnes dans les cinq prochaines années contre 5.000 tonnes actuellement, selon le nouveau programme d'investissement qui prévoit une trentaine de projets aquacoles, a indiqué dimanche le ministre de la Pêche et des ressources halieutiques, Sid Ahmed Ferroukhi. "En plus des 110.000 tonnes pêchées annuellement, la capacité de production issue de l'aquaculture devrait atteindre, à moyen terme, 70.000 tonnes par an", a déclaré le ministre en marge d'un séminaire sur le développement de l'investissement en Algérie dans le domaine de l'aquaculture, organisé par le Forum des Chefs d'entreprises (FCE). Adopté par le conseil du gouvernement en août dernier, le nouveau programme d'investissement dans l'aquaculture est scindé en deux phases. La première prévoit d'atteindre une production de 12.500 tonnes à court terme et la deuxième table sur 70.000 à 78.000 tonnes/an à moyen terme contre 5.000 tonnes actuellement. "Une dizaine de projets sont en exploitation à travers le territoire national et six autres devraient entrer en production durant le premier semestre de 2014", a affirmé le ministre. Le secteur a programmé pour le prochain quinquennat la réalisation d'une trentaine de projets. Ce programme a été accompagné de mesures incitatives à l'investissement dont des crédits à taux bonifiés et des exonérations de droits de douanes ainsi qu'une réduction de la TVA sur les importations d'aliments et d'alevins. Les investisseurs peuvent aussi bénéficier de concessions au dinar symbolique dans les villes de l'intérieur du pays et à 1.800 DA/hectare au niveau du littoral. Le nouveau programme d'investissement en aquaculture "a été conçu sur la base des expériences précédentes et celles des autres pays, et ce, afin d'éviter les erreurs qui ont été à l'origine de l'échec de beaucoup de projets aquacoles", a souligné M. Ferroukhi. Le ministre a mis l'accent sur la nécessité d'accompagner les nouveaux investisseurs, relevant l'importance d'investir dans un seul créneau et d'éviter les "gros projets". "Certains des anciens projets ont échoué parce que les opérateurs ont investi dans plusieurs activités en même temps (élevage du poisson, fabrique d'aliments...", a-t-il estimé. Nécessité d'aller vers l'aquaculture marine Le secteur encourage aussi les investisseurs à aller vers l'aquaculture marine afin de répondre à la demande du consommateur qui demeure exigeant sur le plan du goût en attendant que les ménages s'habituent au poisson élevé en eau douce. Le ministre a appelé les opérateurs économiques à s'impliquer dans le développement de cette activité et l'intégrer dans le processus de croissance de l'économie nationale. "Notre défi actuel est d'aller vers d'autres sources de création de valeurs en développant l'économie non conventionnelle et en exploitant les technologies et savoirs faire existants pour répondre à nos besoins alimentaires et créer plus d'emplois", a-t-il dit. En dépit des potentialités existantes, dont une côte de 1200 kilomètres et des centaines de plans d'eau, barrages et retenues collinaires, l'aquaculture ne suscite pas l'intérêt des opérateurs économiques. Mais, "le déclin des captures en mer au niveau mondial et l'augmentation de la demande nous obligent aujourd'hui à développer l'aquaculture que ce soit par des investissements nationaux ou en partenariat avec des étrangers", a affirmé le président de la chambre algérienne de la pêche et de l'aquaculture, Chouaïb Laâgab. Selon M. Chouaïb, l'Algérien consomme moins de cinq kilogrammes par an de poisson contre 15 kg au niveau des autres pays méditerranéens, alors que le seuil minimum de la FAO est de 6,5 kg/an/habitant. La FAO estime que 50% de la production mondiale de poisson provient de l'aquaculture. Soulignant l'"énorme" retard pris par l'Algérie dans le domaine de l'aquaculture, le président du FCE, Réda Hamiani a confirmé "l'appui total" de son association pour le développement de cette activité.