L'ONU poursuit ses efforts sur les fronts diplomatique et militaire pour tenter de mettre fin au conflit qui embrase actuellement le Soudan du Sud. Alors que le Secrétaire général, Ban Ki-moon, continue à exhorter le gouvernement de ce pays africain à libérer les prisonniers politiques afin de faciliter les pourparlers avec les rebelles, le Conseil de sécurité s'est réuni lundi pour assurer un suivi de la question du renforcement des Casques bleus de l'ONU. Une situation ''extrêmement grave'' ''La situation est extrêmement grave'', a déclaré lundi à la presse le président du Conseil de sécurité, Gérard Araud, à l'issue de consultations à huis clos, auxquelles la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le Soudan du Sud et chef de la Mission de l'ONU dans ce pays, Hilde Johnson, a participé depuis Juba en visioconférence. Mme Johnson a informé le Conseil de sécurité de l'évolution des combats, des efforts de médiation en cours et des mesures prises par les organisations humanitaires pour venir en aide aux populations en détresse. ''C'est une situation vraiment tragique'', a souligné M. Araud, ajoutant que s'il est impossible de déterminer le nombre exact de victimes, il serait très élevé. Le président du Conseil de sécurité a déclaré que le Secrétaire général de l'ONU lui avait demandé des hélicoptères d'attaque pour la Mission. En autorisant la semaine dernière le renforcement de la MINUSS, le Conseil a souligné son rôle prioritaire dans la protection des civils. Par ailleurs, la situation des droits de l'homme reste ''très préoccupante'', avec des informations qui font état d'actes de torture, de tueries, de disparitions forcées et de violences inter-ethniques, a noté M. Araud, qui a précisé que la composante des droits de l'homme de la MINUSS avait été élargie pour assurer un suivi de la reddition de comptes pour les cas de violations graves des droits de l'homme. En dépit des efforts de l'IGAD (Autorité intergouvernementale sur le développerment, regroupant sept pays est-africians : Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Kenya, Somalie, Soudan et Ouganda), ''l'impression générale est que, malheureusement, pour le moment, les deux parties sont très déterminées, le gouvernement s'efforçant de rétablir autant que possible son autorité'', a-t-il résumé. Selon lui, avant d'entrer dans les négociations, malheureusement, souvent les combattants se livrent à une escalade pour tenter d'avoir l'avantage lors des pourparlers. Il est donc difficile de savoir s'il s'agit simplement de dernières hostilités avant de débuter les négociations ou si les deux parties ont décidé se battre jusqu'au bout même si elles se disent disposées à ouvrir des négociations, a-t-il poursuivi. —Urgence des renforts militaires et civils pour la MINUSS Pour sa part, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a déclaré qu'il espérait voir tous les renforts autorisés pour la MINUSS par le Conseil de sécurité déployés dans un délai d'une à trois semaines. Si de nombreux actifs seront transférés par d'autres opérations de maintien de la paix, notamment celles qui sont actuellement déployées au Darfour, au Libéria et en Côte d'Ivoire, ces missions ne pourront pas fournir tous les équipements nécessaires, comme un hôpital militaire de campagne et des hélicoptères tactiques et utilitaires, qui font cruellement défaut à la MINUSS. Deux unités de police détachées de la Mission en République démocratique du Congo (RDC) sont déjà arrivées au Soudan du Sud. M. Ladsous a déclaré qu'il ne saurait y avoir de condition quant aux pays qui pourraient contribuer au renforcement de la MINUSS :''Une chose que je voudrais souligner, c'est que nous nous attendons à une coopération totale du gouvernement du Soudan du Sud, nous n'apprécierions pas du tout si des réserves étaient émises, comme cela semble avoir été le cas, sur le choix de certaines nationalités''. ''Quand la maison est en feu, vous ne vous souciez pas de la nationalité des pompiers. Vous avez juste besoin de personnes compétentes pour éteindre l'incendie'', a ajouté le Secrétaire général adjoint. De son côté, M. Ban s'est entretenu lundi par téléphone avec le président Kiir, se félicitant de son engagement déclaré à cesser les hostilités et de sa disposition à s'engager dans un dialogue avec les dirigeants de l'opposition. Il l'a encouragé à envisager la libération anticipée des prisonniers politiques. Le chef de l'ONU a, par ailleurs, réitéré le plein soutien des Nations Unies à l'équipe de médiation dépêchée à Juba par l'IGAD, appelant à la pleine coopération de toutes les parties pour trouver une solution pacifique. Il a également souligné la nécessité de tenir pour comptables de leurs actes les responsables d'attaques contre des civils. Le Soudan du Sud, qui a obtenu son indépendance après sa sécession du Soudan il y a deux ans, est aujourd'hui secoué par de violents affrontements inter-ethniques. Plus d'un millier de personnes auraient été tuées et jusqu'à 180.000 autres déplacées depuis le début des combats le 15 décembre dernier, 75.000 d'entre elles ayant trouvé refuge dans les bases de l'ONU à travers tout le pays, notamment à Juba, Bor, Bentiu, Malakal et Pariang. Les tensions ont dégénéré en un conflit ouvert après les accusations lancées par le gouvernement du président Salva Kiir, contre son rival, l'ancien vice-président Riek Machar, limogé en juillet, et auquel est attribuée une tentative présumée de coup d'Etat. M. Kiir appartient à l'ethnie Dinka et M. Machar à celle des Lou Nuer.