Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s'est alarmé vendredi de la situation humanitaire désastreuse en République centrafricaine (RCA) où l'ordre public connaît un ''effondrement total'' tandis que l'insécurité entrave l'acheminement de l'aide à plus de 935.000 personnes déplacées par les violences. ''Les gens se cachent dans la brousse, craignant de nouvelles attaques'', a affirmé en conférence de presse un porte-parole du HCR, Babar Baloch. Les attaques ciblées contre les civils, les pillages et la présence d'éléments armés sur certains sites de personnes déplacées limitent l'accès des organismes humanitaires aux nécessiteux, a-t-il expliqué. Cette détérioration de la situation, combinée à l'éloignement géographique des différents groupes de personnes déplacées en dehors de la capitale Bangui et à des routes en très mauvais état, complique l'acheminement de l'aide aux populations en détresse. M. Baloch fait également état d'un ''effondrement complet de l'ordre public'' dans le pays, expliquant que malgré une présence militaire internationale près de l'aéroport de Bangui, la communauté humanitaire n'a pas été en mesure de mettre en place les conditions requises pour permettre aux agences humanitaires de faire leur travail correctement. Des troupes supplémentaires et une coordination opérationnelle plus efficace sont donc nécessaires à l'appui de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA), a-t-il dit. Le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement de cette mission le mois dernier pour mettre fin au cycle de violences interconfessionnelles et de violations des droits de l'homme dans lequel a sombré le RCA depuis un mois. La RCA est dans la tourmente depuis que les rebelles de l'ex-Séléka, qui sont musulmans, ont lancé une offensive il y a un an, contraignant le président François Bozizé à quitter le pouvoir en mars. Un gouvernement de transition a permis, dans un premier temps, de rétablir un semblant de paix, ouvrant la voie à la tenue de futures élections démocratiques, mais le mouvement majoritairement chrétien des anti-Balaka a pris les armes et des affrontements interconfessionnels ont éclaté à Bangui début décembre. Après avoir accru sa présence dans le pays, le HCR a, depuis dimanche, ouvert un pont aérien depuis ses entrepôts régionaux pour faire venir véhicules et articles de première nécessité tels que des tentes, des couvertures et des bâches en plastique. Mais la distribution de matériel d'abri et d'autres articles de secours est plus difficile, a noté M. Baloch, compte tenu du nombre croissant de familles dans le besoin. Plus de la moitié de la population de Bangui, plus de 512.000 personnes, a trouvé refuge dans 67 sites différents de la capitale où vivent dans des familles d'accueil alors que 60% des personnes déplacées sont des enfants. Les affrontements se sont aussi poursuivis à Bossangoa, à 300 kilomètres au nord de Bangui, entraînant également une hausse du nombre de familles déplacées.