Le Secrétaire général de l'ONU s'est dit consterné par la poursuite des violences inter-communautaires en République centrafricaine (RCA) et a renouvelé ses appels au dialogue alors qu'au cours des dernières semaines, les violences interconfessionnelles se sont intensifiées . Dans une déclaration rendue publique par son porte-parole, Ban Ki-moon s'est dit également attristé par la mort, mercredi dernier, de six soldats de la paix de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA), ainsi que d'un employé centrafricain de l'ONU, décédé mardi. Le chef de l'ONU ''appelle toutes les parties et les citoyens à coopérer avec l'Union africaine et les forces françaises. Leur mission est d'assurer une sécurité désespérément nécessaire. Ils ne font pas partie du conflit entre Centrafricains, a indiqué la déclaration du porte-parole. Le Secrétaire général appelle de nouveau les autorités de transition de la RCA ''à assumer leurs responsabilités pour neutraliser ceux qui planifient et se livrent à des violences et salue les appels à la paix lancés par des leaders religieux, chrétiens et musulmans, et espère que tous les dirigeants, à quelque niveau que ce soit, amplifieront ce message'', a-t-il poursuivi. Réaffirmant l'engagement total de l'ONU à aider la RCA à sortir de cette ''crise terrible'', M. Ban souligne l'urgence d'assurer la sécurité et la protection de la population civile en facilitant la distribution de l'aide humanitaire et en créant les conditions d'un retour négocié et ordonné à l'ordre constitutionnel. Dans ce contexte, il apprécie les efforts du personnel des Nations Unies qui œuvrent, dans des conditions extrêmement difficiles, pour aider le peuple centrafricain, et reste déterminé à faire en sorte que leur sécurité soit assurée. Appuyée par des forces françaises autorisées ''à prendre temporairement toutes mesures nécessaires'', la MISCA est notamment chargée de contribuer à protéger les civils et rétablir la sécurité et l'ordre public, à stabiliser la RCA et à créer les conditions propices à la fourniture d'une aide humanitaire aux populations en détresse. Cette mission a été autorisée le 5 décembre en cours par le Conseil de sécurité alors que la RCA, engagée dans une délicate transition politique sur fond de crise humanitaire aiguë, est de nouveau secouée par des affrontements armés, cette fois-ci entre des éléments de l'ex-Séléka et des miliciens anti-balaka. Constituée en août 2012, la Séléka était une coalition de partis politiques et de forces rebelles opposés au Président François Bozizé, qu'elle a contraint à quitter le pouvoir en avril 2013. A l'origine des groupes d'autodéfense, les anti-balaka se sont ligués contre les miliciens de la Séléka, après les exactions commises par ces derniers dans le pays. Ils sont issus d'une population centrafricaine à 80% chrétienne, alors que la Séléka est principalement formée de musulmans. Au cours des dernières semaines, les violences interconfessionnelles se sont intensifiées dans un pays qui n'en avait encore jamais connu de telles par le passé. Des violations graves des droits de l'homme commises par toutes les parties, y compris contre des civils, ont été signalées par les médias et l'ONU, qui fait état, entre autres, de représailles, d'exécutions arbitraires, de recrutement d'enfants soldats, de violences sexuelles et d'attaques contre des installations médicales. Par ailleurs, la communauté humanitaire en RCA a besoin de toute urgence de 152,2 millions de dollars pour répondre aux besoins d'environ 1,2 million de personnes dans le pays au cours des trois prochains mois, a indiqué le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). Rien qu'à Bangui, au mois de décembre, les violences armées et intercommunautaires ont provoqué le déplacement d'environ 370.000 personnes, dispersées sur plusieurs sites. Plus de 400.000 autres sont déplacées dans le reste du pays et plus de 233.000 Centrafricains ont trouvé, refuge dans la région. En tout, 2,2 millions d'habitants, soit près de 48% de la population, ont besoin d'assistance humanitaire en RCA. Sur les 195 millions de dollars demandés dans le cadre de l'appel global 2013, à peine 104,1 millions de dollars ont été débloqués, soit 53% du montant. ''Des centaines des milliers de personnes en Centrafrique, dont des femmes et des enfants, se trouvent aujourd'hui dans une situation humainement déplorable qui exige de notre part une action conséquente immédiate pour éviter une catastrophe'', explique Abdou Dieng, le Coordonnateur de l'action humanitaire en RCA.