Les affrontements entre ex-rebelles musulmans de la Séléka et milices chrétiennes "anti-balaka" ont fait 935.000 déplacés, dont 200.000 ces derniers semaines, en République centrafricaine, annonce vendredi le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR). "Les attaques ciblées contre les civils, les pillages et la présence d'éléments armés dans certains sites accueillant des déplacés limitent l'accès des organisations humanitaires auprès des personnes ayant besoin d'une assistance urgente", déplore en outre l'organisation dans un communiqué. Plus de 510.000 personnes sont actuellement hébergées dans 67 sites à Bangui, la capitale, ou au sein de familles d'accueil, ce qui représente plus de la moitié de la population totale de la capitale, poursuit-elle, ajoutant que 60% des déplacés sont des enfants. Cette semaine, le nombre de déplacés arrivant à l'aéroport a presque doublé. On compte désormais quelque 100.000 personnes sur place. "La distribution de matériel d'abri et d'autres articles de secours est devenue plus difficile. Il est difficile de mettre en œuvre un système de distribution. Les agences humanitaires travaillent sur une réponse interinstitutions rapide en 30 jours pour les personnes déplacées dans ce site", a indiqué un porte-parole du HCR. Médecins sans frontières (MSF) a par ailleurs réduit ses activités médicales dans le camp de déplacés de l'aéroport au minimum, après deux nouvelles journées d'affrontements. "CE SERA UN MASSACRE" "Les violences qui depuis deux jours ont eu lieu à proximité du dispensaire MSF de l'aéroport de Bangui ont provoqué la mort de deux enfants. Quarante personnes blessées ont été prises en charge par les équipes MSF travaillant dans le camp de déplacés de l'aéroport", dit l'ONG dans un communiqué. "Nous n'allons pas continuer à mettre la vie de notre personnel en danger. Une équipe composée de cinq de nos 16 médecins restera sur place pour les cas d'extrême urgence", a précisé Lindis Hurum, coordinateur du dispensaire, interrogé sur place par Reuters. La réduction du personnel de l'ONG suscite une vive inquiétude parmi les pensionnaires du camp. "Je dois la vie à MSF, comme des centaines d'autres ici. Mais, avec cette suspension de leurs activités, ce sera un massacre", avertit Saint-Cyr Lamaka, l'un des blessés soignés au dispensaire. Les Nations unies, qui ont lancé un appel aux dons, disent avoir besoin de 152 millions de dollars pour faire face à la crise humanitaire dans les 100 jours qui viennent. Les autorités tchadiennes ont quant à elles accéléré l'évacuation de leurs ressortissants, souvent pris pour cibles par les milices chrétiennes qui les disent liés à la Séléka. Douze mille d'entre eux ont été rapatriés ces derniers jours par avions et par la route, selon l'Organisation internationale pour les migrations. A Bossangoa, foyer de tension situé à 300 km au nord de Bangui, le corps d'un musulman tué par de jeunes chrétiens gisait dans un fossé, a constaté vendredi un photographe de Reuters accompagnant des membres de la force française Sangaris. Plusieurs maisons de chrétiens abandonnées ont en outre été incendiées à la grenade. La plupart des chrétiens de la ville ont trouvé refuge dans un camp dressé près de l'église locale qui compte 40.000 occupants.