Des actions d'amélioration des conditions d'exercice de la profession de la pêche à Oran, menées au pas de charge, permettent au secteur d'amorcer une "dynamique porteuse d'espoir qui nécessite, toutefois, aujourd'hui une mise à niveau de son port de pêche", a déclaré le président de la chambre de la pêche et de l'aquaculture de la wilaya. Une mise à niveau qui se pose en terme d'urgence, à savoir la réalisation de nouvelles installations et la mise en place de nouveaux équipements, compte tenu des carences relevées au niveau du port de pêche d'Oran et des besoins de la profession, a fait observer M. Mohamed Mendli. "Il n'y a pas que le problème des cases de pêcheurs ou encore celui du foyer marin qui sont posés. Il y'a d'autres doléances que nous considérons comme également essentielles pour l'activité pêche", a-t-il relevé, estimant que cette dynamique reste tributaire de certaines prestations qui font défaut, en l'absence d'ateliers d'entretien et de réparation des navires de pêche. La situation actuelle du port de pêche d'Oran pose également l'épineux problème d'accostage des embarcations qui nécessite de nouveaux appointements ou encore des corps morts pour accroître la capacité d'accueil des quais, a-t-il relevé. Selon les données fournies par la Direction de la Pêche et de l'aquaculture de la wilaya, sur 22 chalutiers, 70 sardiniers et 80 petits métiers immatriculés à Oran, près de 50 % de ces embarcations travaillent hors du port d'Oran. Une situation due, pour l'essentiel, à la saturation du port de pêche d'Oran. Toutefois, les mesures prises par le ministère de tutelle sont jugées rassurantes pour organiser au mieux la profession tels que le règlement des problèmes sociaux, dont notamment l'instauration d'une grille de salaires étudiée selon les catégories professionnelles, a-t-il soutenu, tout en se réjouissant du règlement du problème des cotisations. "Aujourd'hui tout le monde peut prétendre à une retraite honorable, au prorata des cotisations (un et demi le SNMG pour les marins pêcheurs, deux et demi pour les marins mécaniciens (motoristes) et 3 fois pour les patrons de pêche), grâce au dialogue et la concertation avec la tutelle", a-t-il expliqué. Autre satisfaction : la mise à niveau de la formation avec l'ouverture de classes spéciales ces dernières années, a-t-il affirmé. La réhabilitation de la halle à marée du port d'Oran, qui sera réceptionnée fin janvier 2014, est perçue comme un nouveau pas de franchi dans l'organisation du secteur. "Le poisson ne se vendra plus sur le quai dans quelques semaines, mais dans les carreaux qui ont été réaménagés à l'intérieur de la poissonnerie, dans le respect des cahiers de charges", a déclaré, pour sa part, le directeur général de l'Entreprise de gestion des ports de pêche (EGPP) d'Oran, Kamel Ouarab, affirmant que les travaux de réhabilitation de la halle à marée tirent à leur fin. — Une "transition" en attendant une réactivation du plan d'aménagement du port de pêche Malgré des insuffisances, celles notamment d'un équipement de lavage des caisses en plastique au niveau de la halle à marée, les choses commencent à s'améliorer avec l'application stricte de la réglementation pour gérer au mieux les ressources halieutiques et assurer la régulation du marché des produits de la mer, constatent des marins pêcheurs. L'ouverture des canaux d'expression à la corporation des pêcheurs a permis un rétablissement de la confiance, en témoigne le nombre de professionnels qui ont adhéré à la chambre de la pêche et de l'aquaculture de la wilaya, soit 40 % de l'effectif, entre marins, armateurs et patrons de pêche, selon des membres de l'association des sardiniers "Forsane El Amouaj". Le repos biologique est respecté et rares sont les armateurs qui violent la réglementation, se défend-on de même source. Pour certains, le dispositif de l'ANSEJ aura été d'un grand apport pour le secteur au niveau local pour pallier à la faiblesse des investissements, indique M. Mendli, affirmant que de nombreux jeunes disposent aujourd'hui d'unités de pêche pourvoyeuses d'emplois et qui contribuent progressivement à l'augmentation de la production halieutique. "Nous n'avons pas encore les chiffres, mais la campagne de la sardine qui s'achève a été mieux que la précédente, en terme de prix ayant baissé à plus de la moitié (entre 150 DA et 200 DA/kg) outre sa disponibilité durant la période de l'été", enchaîne Houari Kouicem, un membre de cette association. Une sérénité affichée par le directeur général de l'EGPP d'Oran, qui indique que les études d'expertise des anciennes structures menées par le Contrôle technique de la construction (CTC) tirent à leurs fins. "Leur démolition sera entamée dès que possible, probablement à partir du deuxième trimestre 2014", soutient-il. Et d'ajouter, "après l'étude du Laboratoire d'études maritimes ( LEM), nous passerons à un stade supérieur pour réaliser ces investissements conformément au plan d'aménagement du port de pêche d'Oran". L'EGPP d'Oran a bénéficié d'une enveloppe de 410 millions DA dont 258 millions DA comme première tranche pour entamer cette opération au titre de ce programme, souligne-t-il. Un programme qui fait mention de la reconduction de la convention entre les ministères de la Pêche et des Ressources halieutiques, des Travaux publics et des Transports, signée en mars 2013. Un grand espoir est également fondé sur le projet de marché de gros de poissons à El Kerma. Un projet qui suscite l'adhésion de nombreux professionnels de la mer qui entendent "sortir des griffes des intermédiaires et autres, responsables en partie de l'augmentation des prix des produits de la mer", relève M. Mendli. "Ces acquis et l'intérêt porté actuellement à la réhabilitation de notre profession contribueront certainement à effacer le mauvais procès porté à l'endroit des gens de la mer", reprend à son compte Sayah Mohamed, marin-pêcheur depuis une trentaine d'années, longtemps affecté par des accusations "non fondées" pointant le doigt sur le "malheureux marin". "Nous bravons quotidiennement les dangers. Nous n'avons même pas le temps de voir grandir nos enfants et nous nous voyons payer pour des pratiques dont nous ne sommes pas responsables", déplore-t-il. La situation sociale demeure précaire pour de nombreux marins qui peinent à trouver un moyen de transport, encore moins un abri après chaque débarquement, notamment à l'aube. Des journées "portes ouvertes sur les gens de la mer" sont souhaitables pour connaître ce monde qui a beaucoup plus besoin de "considération que de jugement de valeur", conclut le président de la chambre de la pêche et de l'aquaculture de la wilaya.