Accroché au contrefort de la cité Djebel El Ouahch, à Constantine, Tafrent, une petite agglomération rurale remontant à 1880, située en altitude, à la lisère de la ville du Rocher, offre aux visiteurs une vue saisissante sur la partie sud de l'agglomération constantinoise. Une centaine d'hectares de propriétés privées s'étendant à perte de vue domine l'immense cité de Djebel El Ouahch et s'étend jusqu'à proximité du tunnel de l'autoroute Est-ouest. Jadis hameau oublié, la localité, où vivent actuellement quelques centaines de familles a gagné graduellement la ‘‘bataille'' du désenclavement. Elle a surtout réussi à sortir de sa léthargie à la faveur de la concrétisation de plusieurs actions et projets de développement. Toutefois, ce lieu paradisiaque est en train de devenir un lotissement anarchique quelconque. Des bâtisses sont venues s'incruster ici et là défigurant une zone qui a tout les atouts pour être promue au rang de village modèle. — - Rush sur Tafrent avec le raccordement de la localité au réseau du gaz naturel Avec le raccordement, en 2009, de ce site au réseau du gaz naturel, la localité de Tafrent a connu un véritable regain d'intérêt. Des parcelles de terrains privés, dont certaines demeurent toujours dans l'indivision, ont été vendues au titre de transactions ‘‘orfi'' (sans enregistrement) à des citoyens qui chacun, à sa manière et selon ses moyens, a construit une habitation dans l'espoir d'être régularisé un jour. Des habitants de Tafrent rencontrés par l'APS affirment que le coût du mètre carré dans cette localité oscille entre 4.000 et 15.000 dinars, selon l'emplacement. La zone est devenue un chantier ouvert parsemé de ‘‘carcasses'' de bâtisses émergeant en un tournemain, foisonnent ici depuis la colline jusqu'au bord de la route. Le délégué du secteur urbain de Ziadia, dont relève administrativement la localité, Abdelmalek Benhamouda, affirme que la plupart des nouvelles constructions sont ‘‘illicites''. Il souligne également que souvent ‘‘le rythme des chantiers de ces maisons devancent de loin les mesures administratives à engager en pareil cas''. M. Benhamouda précise aussi que des mises en demeures sanctionnent, conformément à la loi, ce genre de pratiques, mais il souligne que le ‘‘manque de coordination'' entre les services du secteur urbain et la direction d'urbanisme de la commune de Constantine a amplifié le phénomène des constructions illicites. De son côté, un membre de l'association de cette petite agglomération, M. Halim Benoudene, relève que l'accès au logement rural, même si cette formules est très convoités, se heurte aux problèmes liés à la possession d'un lot de terrain, ce qui freine l'ardeur des candidats à ce type de logement. A l'heure actuelle, douze citoyens seulement de Tafrent ont pu finaliser les procédures d'obtention des aides financières octroyées pour l'habitat rural, indique M. Benoudène. La région, soulignent des habitants rencontrés sur le site, est connue pour ses élevages ovin et bovin, pratiqué par plusieurs familles de cette zone où l'apiculture figure aussi parmi les activités les plus prisées. — D'importants projets de développement concrétisés en attendant le réseau d'assainissement Longtemps ‘‘omise'' des programmes de développement de la commune de Constantine, l'agglomération rurale de Tafrent a pu bénéficier, ces trois dernières années, de plusieurs projets qui ont significativement contribué à améliorer le cadre de vie des 3.000 âmes qui y vivent. Le dynamisme des membres de l'association créée dans cette zone pour faire entendre la voix de ses habitants a été ‘‘déterminante'', soutiennent les habitants de la région. Après la réalisation d'un axe routier et le raccordement des habitations au gaz naturel, la grande préoccupation était le raccordement de l'unique école primaire au gaz. Après maintes sollicitations, les écoliers de Tafrent peuvent depuis 2012 suivre leur cours dans des classes bien chauffées, mettant fin au calvaire des classes ‘‘frigorifiées'' qui aura duré pendant des dizaines d'hivers. La réalisation du réseau d'alimentation en eau potable (AEP) et la mise en exploitation d'un château d'eau dans cette zone ont énormément amélioré les conditions de vie des citoyens de Tafrent. Mais il reste cependant qu'actuellement, les habitants aspirent la concrétisation du projet de réalisation du réseau d'assainissement. En l'absence de ce réseau, les habitants utilisent des fosses septiques pour évacuer les eaux usées. Un procédé, a-t-on signalé, qui a engendré la pollution des eaux de nombreux puits. Au service des réalisations de la commune de Constantine, l'on assure que l'étude du projet d'assainissement de Tafrent, lancée en 2013 et financée sur le budget communal, ‘‘est en phase d'achèvement''. L'étude a coûté la bagatelle de 1,3 million de dinars, a-t-on encore souligné, et la réalisation du projet est programmée, au titre des plans communaux de développement (PCD) ‘‘dès 2014''. L'intensification de l'électrification rurale, notamment dans les nouveaux quartiers, conséquence d'une urbanisation effrénée, figure aussi parmi les préoccupations des habitants de Tafrenet. Ici, l'on craint beaucoup les meutes des sangliers et les chiens errants qui descendent de la montagne voisine, profitant de l'obscurité pour envahir le village. L'axe routier principal étant praticable, les riverains aspirent au goudronnage des rues du village et ambitionnent de voir leur village bénéficier d'un quota de bacs à ordures pour mieux organiser la collecte des déchets ménagers. A Tafrent, l'on espère surtout que l'urbanisation ‘‘anarchique'' ne vienne pas fausser le développement et de retarder l'engagement d'autres projets.