Le long métrage de fiction "Le Havre", une comédie sociale sur le thème de la solidarité avec les immigrés clandestins en France réalisé par le cinéaste finlandais Aki Kurismaki, a été projeté samedi lors des 2èmes Journées du film européen d'Alger. Réalisé en 2011, ce film de 93 mn raconte l'histoire de Marcel Marx, campé par l'acteur français André Wilms, un écrivain converti en cireur de chaussures qui vit pauvrement avec sa femme étrangère Arletty(Kati Outinen) dans la ville maritime du Havre (nord) et dont l'existence va être doublement bouleversée par la maladie de son épouse et l'arrivée d'Idrissa, un jeune sans papiers congolais qu'il va héberger. Projeté à la filmathèque Mohamed-Zinet (Riad El Feth), ce film met l'accent sur les valeurs humanistes de cet homme de lettres, devenu cireur pour "être proche du peuple", et qui va tout faire pour aider Idrissa à rejoindre sa mère à Londres alors qu'il est recherché par la police française, représentée par le commissaire Monet (Jean-Pierre Daroussin), un officier zélé dans sa "chasse" aux immigrés clandestins sous la présidence de Nicolas Sarkozy (2007-2012). Avec dérision et tendresse, le cinéaste brosse également le portrait de "petites gens" de cette ville de Normandie (boulangère, épicier, taulière), solidaires avec le héros du film malgré les risques qu'ils encourent en protégeant un sans-papiers, et joue sur le contraste avec le climat politique de l'époque marqué notamment par l'affaire de la "jungle de Calais" qu'il rapporte en insérant des archives de journal télévisé dans le film. En septembre 2009, la police française avait procédé au démantèlement dans la ville de Calais (nord) d'un campement, baptisé "La jungle" qui abritait entre 700 et 800 immigrés clandestins, des Afghans en majorité. Cette affaire avait suscité l'émoi dans la société française, choquée par la violence de l'intervention. Aki Kurismaki a, par ailleurs, choisi de faire évoluer ces personnages dans un décor qui rappelle la France des années 1970, voire 1960, comme un double hommage à une certaine idée nostalgique de la France et au cinéma français de cette époque. "Le Havre" qui avait été primé en 2012 au Festival de Cannes (Prix des critiques), se distingue également par des dialogues concis et mesurés qui ne font que suggérer la grandeur d'âme de ses protagonistes sans jamais tomber dans la sensiblerie. L'ambassadeur de Finlande en Algérie, Mme Hannele Voinmaa, dira d'ailleurs, en présentant le film au public algérois, qu'elle reconnaissait dans l'œuvre d'Aki Kurismaki, cette "économie de mots" caractéristique de son peuple "loquace" dans l'expression de ses nobles sentiments. Inaugurées jeudi, les Journées du film européen se poursuivront jusqu'au 1er février avec la projection d'une vingtaine de films européens.