Certains cinéastes semblent tomber dans le mysticisme. A quelques jours du palmarès, que retenir de cette compétition qui a réservé quelques déceptions? Certains cinéastes semblent tomber dans le mysticisme. On attendait avec impatience le film de Terence Malick, qui avait fait faux bond l'an dernier pour cause de montage non satisfaisant. Au final, les spectateurs du grand auditorium lui ont réservé un accueil plus que mitigé. «The Tree of Life», est une symphonie déconcertante mêlant l'histoire d'une famille très catholique à des séquences sous-marines et des chorégraphies planétaires. Jack grandit entre un père autoritaire (Brad Pitt) qui l'élève à la dure et une mère aimante mais soumise. Un tragique événement va rompre cet équilibre précaire. Et l'auteur de conclure sur des images cosmiques, que l'on est tous soumis aux lois de la nature. Même mysticisme chez Lars Von Triers qui prédit la fin du monde avec «Melancholia», nom d'une planète qui va percuter la Terre et la faire disparaître. Avant cette conclusion pessimiste, le réalisateur de «Dancer in the dark» nous raconte l'histoire de deux soeurs (Charlotte Gainsbourg et Kristin Dunst, ex-Marie Antoinette) dont l'une se sépare de son mari le jour de son mariage. On ne saura rien des haines qui divisent les membres du clan. «Melancholia» est aussi le titre d'un beau poème de Victor Hugo, issu des ´´Contemplations´´. Lars von Triers se laisse gagner par la mélancolie et ce n'est pas à l'avantage de son cinéma. La Japonaise Naomi Kawase nous assène aussi un film très contemplatif «Hanezu No Tsuki» sur les liens entre la nature et l'homme. Dans la région d'Asaka, berceau du Japon d'autrefois, les habitants pensaient que les trois montagnes environnantes, Unebi, Miminashi et Kagu, étaient le domaine des dieux. Un fonctionnaire en avait fait une métaphore des troubles qui agitaient son coeur, une manifestation du karma des hommes. A l'époque moderne, Takumi et Kayoko vivent tant bien que mal, encombrés des espoirs contrariés de leurs grands-parents et ne parviennent pas à une vie harmonieuse. Heureusement, il y a «Le Havre», comédie sociale du Finlandais Aki Kaurismaki. Le réalisateur est venu en Normandie pour une fable poétique et drôle sur les sans-papiers. Marcel Marx (André Wilms), ex-écrivain parisien reconverti en cireur de chaussures au Havre, va aider un jeune sans-papier africain à rejoindre l'Angleterre où se trouve déjà sa mère. Belle solidarité de la part de Marcel Marx qui, des années plus tôt, a trouvé réconfort auprès d'Arletty qui l'a accueilli et épousé. Dans cette histoire, comme dans les contes, tout fini bien grâce à la complicité d'un inspecteur de police plus humain que les autres. Le film a été ovationné par les festivaliers qui ne se sont pas trompés sur le talent de Kaurismaki à mettre en scène «l'aggravation continue de la crise économique, politique et surtout morale causée par la question non résolue des réfugiés», comme il le dit lui-même avec humour, causticité et distance. Un beau film à récompenser nécessairement.