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Mohamed Benmeradi : entretien à l'APS (Texte Intégral)
Publié dans Algérie Presse Service le 28 - 01 - 2014

Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la sécurité sociale, Mohamed Benmeradi a accordé, mardi à Alger, un entretien à l'APS dont voici le texte intégral.
1. Avec un taux de chômage au-dessous de 10% et à un rythme de création d'emploi de moins de 700.000 postes par an, à quelle échéance pensez-vous que la pression des demandeurs d'emploi pourrait-être atténuée au vu du nombre de chômeurs de plus d'un million ?
M. Benmeradi : Il convient, en premier lieu, de préciser que, selon les résultats de la dernière enquête réalisée par l'Office National des Statistiques, le taux de chômage n'est plus au-dessus de 10% mais est passé sous la barre des 10% à savoir 9,8% en septembre 2013.
Ce taux, quoiqu'encore élevé, montre que le niveau du chômage dans notre pays recule progressivement d'année en année. Pour rappel, ce taux se situaitautour de 30% de la population active à la fin des années 1990.
La baisse continue du taux de chômage, signifie que l'économie nationale absorbe non seulement la totalité de la demande additionnelle d'emploi mais également, une partie du stock de chômeurs recensés.
En effet, la situation du marché du travail, appréhendée à travers les données de l'Agence nationale de l'Emploi montre que le marché de l'emploi connait un dynamisme qui se confirme d'année en année.
Ainsi, le nombre d'offres d'emploi captées par les structures de l'ANEM (Agence nationale de l'emploi) a connu une progression de près de 49% entre 2010 et 2013 tandis que les placements ont progressé de près de 57%.
Dans ce cadre, il importe de souligner que même si la croissance est tirée pour l'essentiel, par la dépense publique, il n'en demeure pas moins que le secteur privé constitue la première source d'emplois avec plus de 70% des offres recueillies et des placements opérés par l'ANEM.
Ceci étant, fixer une échéance pour la réduction de la pression des demandeurs d'emploi est quelque peu aléatoire. Toujours est – il qu'au vu du rythme actuel de la création d'emplois , du niveau de la demande additionnelle qui se situe à plus de 500.000 par an selon les données de l'Agence Nationale de l'Emploi et surtout, de la poursuite de l'effort d'investissement public et des effets attendus des mesures prises pour encourager l'investissement privé, il est permis d'être optimiste et de considérer que la tendance à la baisse du taux de chômage se poursuivra dans les années à venir comme le confirment d'ailleurs, les projections des organisations financières internationales (FMI et Banque mondiale).
Cette baisse continue du niveau du chômage se traduira, évidemment par une réduction des tensions observées sur le marché de l'emploi.
2. En 2011, il a été enregistré 140.000 postes d'emploi non pourvus dans la fonction publique. Qu'en est-il de la situation pour 2012 et 2013, et quelles sont les mesures à prendre par votre département afin de pourvoir à ces postes vacants ?
M. Benmeradi : En ce qui concerne, le nombre annoncé de 140.000 emplois vacants au niveau de la fonction publique, nombre qu'il conviendra d'affiner et de préciser, il faut rappeler que l'égal accès à l'emploi dans la fonction publique est garanti par la constitution.
A ce titre, le recrutement au niveau des institutions et administrations publiques est régi par des dispositions particulières reposant sur la transparence au niveau des offres d'emploi d'une part et sur la possibilité offerte à chaque demandeur d'emploi répondant aux profils demandés de participer aux concours de recrutement organisés chaque année , concours qui sont organisés et encadrés par les établissements d'enseignement supérieurs et dont les résultats sont communiqués à la Direction Générale de la Fonction Publique d'autre part.
Toutefois, et s'agissant des postes actuellement vacants recensés au niveau de la Fonction publique, des instructions ont été données par Monsieur le Premier Ministre à l'effet de procéder dans les meilleurs délais au pourvoi de ces postes de travail en accordant la priorité aux jeunes insérés dans le cadre du Dispositif d'Aide à l'Insertion Professionnelle.
3. Les différentes formules d'aide à l'emploi n'offraient jusqu'à présent que des emplois temporaires et rémunérés en deçà des espérances des jeunes.Est-il possible d'offrir une stabilité à ces employés précaires ?
M. Benmeradi : Concernant les dispositifs d'aide à l'emploi salarié, appelés communément « emplois d'attente », il faut souligner que l'objectif qui leur est assigné réside essentiellement dans l'amélioration de l'employabilité des jeunes primo demandeurs d'emploi et l'acquisition par ces derniers , d'une première expérience du monde du travail qu'ils pourront faire valoir dans leurs démarches en vue de s'intégrer durablement dans le monde du travail, dans la mesure où l'absence d'expérience constitue la principale contrainte à laquelle ils sont confrontés.
Dans ce cadre, il importe de souligner que beaucoup de jeunes ont pu s'insérer durablement grâce à ces formules. Ainsi, le nombre de jeunes insérés dans le cadre du Dispositif d'Aide à l'Insertion Professionnelle qui ont fait l'objet d'un recrutement par les employeurs, a atteint près de 139.000 à fin novembre 2013 dont près de 44.000 pour les seuls onze mois de l'année 2013.
Par ailleurs, 49.076 ont été recrutés dans le cadre des contrats de travail aidés, qui sont des contrats régis par la législation du travail, ce qui porte ainsi à près de 140.000 le nombre de recrutements opérés à travers cette formule. Une réflexion est engagée, actuellement au niveau de notre département ministériel, en vue d'améliorer l'efficacité de ces dispositifs en termes d'insertion durable.
Cependant, je tiens à rappeler que ces dispositifs n'apportent qu'une contribution en matière d'appui à la création d'emploi et que celle-ci ne peut être que le fait du secteur économique à travers la relance de l'investissement générateur d'emplois durables.
4. Le patronat réclame un allègement des procédures de recrutement à l'exemple de l'information de l'ANEM après le recrutement et non au préalable. Est-il possible de proposer plus de facilités au recrutement ?
M. Benmùeradi : En réponse aux doléances du patronat relatives à l'assouplissement des procédures de recrutement et sur instruction de Monsieur le Premier Ministre, un certain nombre de mesures ont été prises à cet effet.
Ainsi, des instructions ont été données à l'effet de ramener le délai de traitement des offres d'emploi déposées par les employeurs de vingt et un (21) jours maximum à cinq (05) jours maximum à compter de la date de dépôt.
En cas d'incapacité à satisfaire l'offre dans ce délai, les agences de l'ANEM notifieront immédiatement à l'employeur l'autorisation de procéder aux recrutements directs par ses propres moyens. Il lui est fait, cependant, obligation d'informer l'ANEM et l'Inspection du Travail des recrutements effectués conformément à la réglementation en vigueur.
Par ailleurs, des instructions ont été également données à l'effet de généraliser l'utilisation de la formule de recherche active d'emploi, à l'exception, toutefois, des wilayas du sud pour lesquelles un dispositif spécifique a été mis en place. Cette formule sera étendue aux employeurs qui auront la possibilité de télécharger le formulaire pour le renseigner au titre des demandeurs d'emploi qu'ils auront au préalable sélectionnés et le transmettre à l'agence de l'emploi territorialement compétente pour enregistrement, simultanément, de l'offre et du placement.
A ce propos, il convient de souligner que 82.202 demandeurs d'emploi ont pu être placés en 2013, dans le cadre de cette formule.
5. Comment évaluez-vous le travail des agences d'emploi privées, et que comptez-vous faire pour booster son rendement dans le marché du travail ?
M. Benmerdai : La contribution des agences privées (au nombre de 20 en 2013), au recueil des offres et des demandes d'emploi ainsi qu'en matière de placement est encore timide comparativement à ce qui est accompli par l'ANEM. Toutefois, le nombre de placements opérés par ces agences évolue en hausse.
Il est passé de 2.018 en 2010 à 9.267 placements en 2013 grâce d'une part, à la maitrise progressive de l'activité d'intermédiation et au soutien de l'ANEM qui voit en elles beaucoup plus des partenaires que des concurrents et en raison d'autre part, de l'accroissement du nombre d'intervenants.
Ceci étant, ces agences se doivent d'améliorer la qualité et la diversité de l'information qu'elles transmettent à l'ANEM conformément au cahier des charges qui les lient.
6. Etant donné que le secteur privé constitue la source principale de l'offre d'emploi, le monde des entreprises peut-il s'attendre à une amélioration du climat des affaires pour favoriser la création de nouvelles entités économiques et davantage d'emplois ?
M. Benmeradi : En effet, aussi bien les statistiques émanant de l'Office National des Statistiques (ONS) que les données de l'ANEM confirment le rôle prépondérant du secteur privé aussi bien du point de vue des offres d'emploi déposées que des recrutements opérés.
L'enquête réalisée par l'ONS au quatrième trimestre 2013, montre que près de 59% de la population occupée se situe au niveau du secteur privé.
Pour ce qui est de l'amélioration du climat des affaires, il convient de rappeler que des groupes de travail tripartites ont été mis en place, à l'issue des quatorzième et quinzième réunions tripartite, à l'effet de relever les contraintes que rencontrent les investisseurs dans la réalisation de leurs projets et de proposer les voies et moyens de les éliminer .
Les propositions de ces groupes de travail ont fait l'objet de plusieurs mesures introduites dans le cadre des différentes lois de finances et qui visaient à faciliter et encourager l'acte d'investir et partant, à améliorer l'environnement de l'entreprise aussi bien publique que privée.
Par ailleurs, de nouvelles propositions, allant dans le sens de l'amélioration du climat des affaires et de l'assouplissement des procédures relatives à la création d'entreprises , seront certainement formulées dans le cadre du pacte national économique de croissance dont les travaux sont en voie de finalisation au niveau du groupe de travail tripartite piloté par le Ministère du Développement Industriel et de la Promotion de l'Investissement.
7. Est-ce que le futur code du travail actuellement en étude va introduire une plus grande flexibilité lors de la conclusion des contrats de travail ?
M. Benmeradi : Le futur code du travail, actuellement en cours d'élaboration, prendra, naturellement, en considération l'évolution du contexte économique et social enregistré dans le pays et dans le monde, ces dernières années à l'effet de donner davantage de fluidité à la relation de travail avec le double souci de répondre aux attentes des employeurs d'une part et d'assurer la protection des droits des travailleurs d'autre part.
Comme vous le savez, la tendance au niveau mondial s'oriente vers une flexibilisation de plus en plus accentuée des marchés du travail. Cette tendance est imposée par l'ouverture des marchés et l'obligation de compétitivité pour arracher et maintenir des parts de marché dans un contexte marqué par une rude concurrence, ce qui ne permet pas aux entreprises de s'engager sur le long terme en matière de relations de travail et qui les pousse à adapter continuellement leurs effectifs à la consistance de leurs plans de charge.
Parmi les pistes envisagées pour la prise en charge de cette question, le projet de code du travail prévoit d'offrir la possibilité aux deux parties de convenir de la durée du contrat de travail, avec toutefois, les garanties nécessaires en matière de protection contre les éventuels abus liés aux renouvellements successifs et non justifiés du contrat de travail.
Ceci étant dit, il convient de souligner que ce genre de questions requière un débat et une concertation avec les partenaires sociaux pour arriver à un consensus, à même de garantir l'adhésion des différentes parties concernées : travailleurs, employeurs et pouvoirs publics.


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