Le documentaire "Retour à Montluc", du journaliste-réalisateur algérien Mohamed Zaoui, retraçant le parcours carcéral dans les couloirs de la mort de Mustapha Boudina, rescapé de la guillotine durant la guerre de libération nationale, vient d'être distingué du Trophée suprême, le "Poignard d'or", au Festival international du film de Mascate (Sultanat d'Oman), a annoncé dimanche soir le réalisateur à l'APS. Ce film-documentaire d'une durée de 62 mn, produit et réalisé en 2012 sur fonds propre est construit sur une série de témoignages d'hommes politiques français, d'avocats, historiens et anciens détenus du Fort Montluc à Lyon (France) qui livrent leurs points de vues respectifs sur le système colonial français et le refus des autorités coloniales de reconnaitre la légitimité de la lutte du peuple algérien pour le recouvrement de son indépendance. Revenant sur son passé carcéral, Mustapha Boudina, président de l'Association des anciens condamnés à mort, condamné durant la guerre de libération nationale, à deux reprises à la peine capitale et poursuivi pour une troisième condamnation, fait le récit poignant de l'épreuve inhumaine qu'il lui a été infligée, lui et ses compagnons de cellule. L'ancien condamné à mort précise ainsi qu'entre 1956 à 1962, ils étaient quelque 2.300 détenus dans les couloirs de la mort en Algérie et en France, 217 ont été exécutés dont 208 ont été guillotinés, le reste a été soit empoisonné ou brûlé vif. Le réalisateur a filmé la visite qu'a tenu à effectuer Mustapha Boudina, au Fort Montluc, devenue depuis, un musée consacré à la mémoire de la résistance (Française) à l'occupation allemande, et qui en revenant sur les pas de ce passé douloureux, ne dissimule pas sa vive émotion dévoilant la profonde inquiétude qui ronge le condamné à mort à chaque grincement de la porte qui va s'ouvrir pour le livrer à l'issue fatale de l'échafaud. Parmi les nombreux témoignages, cités par le réalisateur dans le documentaire, celui du chercheur historien, récemment décédé Jean-Luc Einaudi avait rappelé que la Fédération de France du FLN avait lancé un appel à l'opinion publique française ‘‘pour qu'elle se mobilise pour sauver les condamnés à mort en disant que le peuple français ne pourra pas dire qu'il ne savait pas, mais malheureusement les Français n'ont pas voulu savoir''. "Heureux" d'apprendre que son film documentaire, a été distingué au Festival international de Mascate, qui se tient tous les deux ans dans la capitale omanaise, Mohamed Zaoui a confié à l'APS, nourrir l'espoir de voir ce document relatant une page méconnue de l'histoire de la guerre de libération nationale, projeté en France. "Pour l'heure aucun festival dans ce pays n'a accepté de le programmer et je m'interroge sur les raisons de ce refus", a-t-il déploré se demandant " jusqu'à quand on continuera à occulter la vérité et sur les exactions commises par la France coloniale contre le peuple algérien". "Retour à Montluc" a été distingué à deux reprises comme Meilleur film documentaire à Alger, à l'occasion du 4e panorama du cinéma en novembre 2013 et au festival du cinéma de Mostaganem en décembre 2013. Le film documentaire de Mohamed Zaoui a par ailleurs été classé parmi les trois meilleurs films documentaires nominés sur les 26 longs métrages présentés au 9e Festival international du film documentaire Al Jazeera, organisé au mois d'avril 2013 à Doha (Qatar). "Retour à Montluc" est par ailleurs sélectionné pour le Festival annuel, "Vues d'Afrique" à Montréal (Canada) mettant en vedette des films africains et créoles et qui se tiendra du 25 avril au 4 mai 2014.