uatre films documentaires ont été projetés comme « Road of Taurguaa » d'Ashraf El Machraoui (Palestine), « Kaaka El Hadjaria » d'Asma Ibrahim (Egypte), « L'opposant » d'Anis Lessouaed (Tunisie) et « Cultures of resistance » de Lara Lee (Etats-Unis d'Amérique). En fin de seconde soirée, dimanche passé, les cinéphiles ont suivi deux films sur la révolution algérienne. Il s'agit de « Retour à Montluc » de Mohamed Zaoui (production algéro-française) et « Le facteur » de Mehdi Abdelhak (production algérienne). Le réalisateur palestinien Ashraf El Machraoui nous fait revenir aux années Kadhafi, en interviewant les anciens prisonniers libyens. Voyage au cœur de la révolution libyenne. Le film s'agrémente des séquences qui analysent et décortiquent la révolution du peuple opprimé contre Mouammar Kadhafi. « Road of Taurguaa », (Route de Taurguaa), cherche à témoigner d'un fait inéluctable, l'histoire n'est pas figée dans le temps et la liberté politique et humaine sont le résultat d'un combat acharné. Dans le film « Kaaka El Hadjaria » d'Asma Ibrahim, il s'agit d'une autre révolution. Celle-ci est menée en Egypte et vue sous un autre regard. Une nouvelle image sur une révolution qui n'a pas encore dit son dernier mot. Tandis que le long métrage « L'Opposant » d'Anis Lessouaed (Tunisie) fait un plongeon à l'époque où le régime répressif de Ben Ali sévissait. C'est l'histoire de Mohamed Taher Khadraoui, un citoyen tunisien anonyme, vivant à Kasserine. Il s'est engagé au sein d'un parti politique d'opposition, le Parti démocrate progressiste, en 2005, à l'époque où le régime du déchu président Ben Ali battait son plein. Des débats fructueux En fin de soirée, les participants ont débattu du thème des révolutions arabes. Le devenir de ces pays les intéresse. Ils dressent un bilan de ces situations. « En Tunisie, en Egypte et en Libye, où les anciens dirigeants ont été chassés du pouvoir par le soulèvement populaire, le paysage politique reste incertain. Au Yémen, une transition inaccomplie s'est mise en place, au Bahreïn le soulèvement a été étouffé, et la Syrie s'enfonce dans une guerre civile et la montée en puissance des éléments jihadistes ». En fin de journée, deux films de haute facture accrochent le public. « Retour à Montluc » de Mohamed Zaoui et « Le facteur » de Mehdi Abdelhak. Le premier raconte, avec force artistique et historique, le parcours de Mustapha Boudina, qui, condamné à mort par une cour militaire française, retourne 50 ans après dans la cellule du couloir de la mort (à Fort Montluc à Lyon, en France) où il a passé plusieurs années de détention. Là, il prie et parle de son expérience dans le détail. Il y a aussi des témoignages d'hommes politiques français, d'avocats, d'historiens et d'anciens détenus de Fort Montluc. La projection de documentaires a permis au public de s'instruire sur des épisodes de l'histoire de la guerre de Libération nationale et de connaître cette histoire douloureuse et sanglante qui s'est déroulée, y compris dans les prisons en Algérie et en France. Il convient de savoir que la prison de Montluc est aujourd'hui devenue un musée d'histoire consacré à la résistance (française) à l'occupation allemande mais qui occulte délibérément toute trace de la présence de ces anciens condamnés à mort sur ce sinistre lieu et, par conséquent, de l'histoire de la guerre de Libération nationale. Entre 1956 et 1962, quelque 2.300 détenus arpentaient les couloirs de la mort en France et en Algérie. 217 ont été exécutés dont 208 guillotinés et le reste des détenus ont été empoisonnés ou brûlés vifs, selon les chiffres livrés par Mustapha Boudina. Mohamed Zaoui a effectué un travail de recherche qui a duré deux longues années, sur fonds propres sans aucun autre financement. Le film documentaire « Retour à Montluc » a été dernièrement distingué au festival de Doha, au point où il a été classé parmi les trois meilleurs films documentaires nominés sur les 26 longs métrages présentés au 9e Festival international du film documentaire de Doha. Mohamed Zaoui a voulu, à travers ce film d'une durée de 49 minutes, rendre un vibrant hommage à Mustapha Boudina qui, à travers son parcours remarquable et singulier, a convaincu, amateurs et professionnels, sur les atrocités auxquelles ils étaient soumis lui et ses compagnons, dont 11 ont été guillotinés dans cette prison. Dans « Retour à Montluc », Mustapha Boudina, président de l'Association nationale des anciens condamnés à mort, deux fois condamné à la peine capitale par le tribunal militaire de Lyon et poursuivi pour une troisième accusation durant la guerre de Libération nationale, revient sur les traces de son passé carcéral. Il apporte des témoignages édifiants à travers un récit poignant sur la crainte permanente vécue par le condamné à mort attendant l'aube fatale où le geôlier frappe lourdement à la porte de sa cellule pour le conduire à l'échafaud. Des films pour mémoire Pour cette fin de journée, le dernier film au programme n'est autre que « Le facteur » du réalisateur Mehdi Abdelhak. A travers les 115 minutes, le réalisateur nous ébauche le parcours militant d'un facteur, évoluant dans un quartier européen en 1960, période marquée par les attentats meurtriers de l'OAS et qui se fait approcher par la résistance pour commettre un attentat sur un commissaire de police. Le rôle du commissaire est éminemment interprété par Sid-Ahmed Agoumi. Ce film, qui est tourné un peu partout, notamment à Constantine, Annaba et Batna, vient, en effet, rafraîchir cette mémoire collective d'un peuple martyrisé. Un peuple qui a toujours aspiré à la liberté et à la dignité humaine confisquées, des décennies durant, par le pire des colonialismes. Le jeune comédien Ahmed Riad, dans le rôle du facteur, est chargé d'exécuter un tortionnaire commissaire français qui n'est autre que Sid-Ahmed Agoumi. Le rôle du responsable de l'ALN a été attribué au « revenant » Arselane. Ces comédiens sont des professionnels de la scène, ils interprètent leur rôle avec talent et conviction. Cette création a été bien accueillie par le public. Chaque tirade donne une opportunité de réflexion et de méditation sur les réalités de la société. Pour ces comédiens, le 7e Art favorise la solidarité et le dialogue entre les créateurs et les artistes du monde entier. Une source de réflexion sur le monde contemporain. Ils préfèrent confronter l'art à l'actualité. Pour eux, il est essentiel d'encourager la jeune génération en leur proposant des participations, mettre à leur disposition les infrastructures nécessaires afin de faciliter les productions. L'idéal serait d'aider à perfectionner le savoir-faire des professionnels, mettre en confrontation les différentes approches et favoriser la coopération entre les créateurs.