Les députés libanais ne sont pas parvenus mercredi à élire le successeur du président Michel Sleimane, aucun candidat en lice n'ayant réussi à recueillir les 86 voix nécessaires pour accéder à la magistrature suprême au premier tour. Lors d'une séance parlementaire convoquée par le chef du Parlement, Nabih Berry, 124 députés présents au Parlement ont voté à bulletins secrets au premier tour du scrutin. Les postulants à cette élection n'ont pas obtenu la majorité des deux tiers pour être élus, alors que la majorité absolue est requise pour les tours suivants. Le deuxième tour de l'élection présidentielle a été fixé au 30 avril par le chef du Parlement, Nabih Berry. Le chef du parti des Forces Libanaises (FL), Samir Geagea, soutenu par le "mouvement du 14 mars", a obtenu 48 voix, contre 52 bulletins blancs et 16 au candidat centriste Henri Helou. Un bulletin s'est porté sur l'ancien président Amine Gemayel et 7 bulletins ont été considérés comme nuls. Au Liban, c'est au Parlement - composé de députés répartis à égalité entre chrétiens et musulmans qu'incombe la tâche de désigner celui qui succèdera à Michel Sleimane, en poste depuis 2008 et dont le mandant expire le 25 mai. Le parlement compte 128 députés, répartis pour moitié entre chrétiens et musulmans. Au premier tour, les candidats à la présidence doivent obtenir les deux tiers des sièges pour être élus. Lors des tours suivants, seule la majorité absolue est requise. "Je maintiens ma candidature, nous n'irons pas à un compromis et l'autre partie en face doit nommer un candidat pour qu'il y ait des élections démocratiques", a dit à la presse M. Geagea, qui n'est pas député.Le camp mené par le Hezbollah n'avait pas nommé de candidat, et appelé à voter blanc. Profondes divisions au sein du Parlement Le Parlement libanais est profondément divisé entre le "bloc du 14 mars" dirigé par le sunnite Saad Hariri, hostile au gouvernement syrien, et celui du "8 mars" mené par le mouvement chiite du Hezbollah, favorable au président syrien Bachar al-Assad. Les analystes politiques avaient prévenu qu'"il est peu probable qu'un candidat soit élu au premier tour tant les divisions sont fortes au sein du Parlement". "Aucun candidat ne peut obtenir les deux-tiers des voix requises", avait déclaré à la presse le vice président du Parlement, Farid Makari, à son arrivée au Parlement. Fadia Kiwane, directrice du département de sciences politiques à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth, a soutenu cette idée, en soulignant: "Ce qui est presque certain, c'est qu'aucun président ne sera élu au premier tour" du scrutin au Parlement. Samir Geagea, du "bloc du 14 mars" , a été le premier à annoncer sa candidature.Dans une déclaration à la presse, il a regretté que le bloc du 8 mars n'ait pas présenté de candidat à l'élection présidentielle. "Pour la première fois, il y a une élection et il s'agit d'une élection sérieuse. Le 14 mars a ouvert la voie à des élections sérieuses", a-t-il déclaré. Des députés du Hezbollah, ce mouvement qui mène une lutte armée contre Israel, l'ont d'emblée accusé d'être le "candidat de la division" et réclamé un président "qui défende le choix de la résistance". Parmi les autres candidats, figurent Amine Gemayel, qui fut président durant la guerre civile, ou encore les députés Boutros Harb et Robert Ghanem. Dans ce contexte tendu et indécis, le chef druze Walid joumblatt, dont le groupe parlementaire peut faire pencher la balance au Parlement, a présenté mardi un candidat de son groupe à la magistrature suprême. Agé de 61 ans, fils d'un député Pierre Hélou et petit fils du penseur Michel Chiha, rédacteur de la Constitution libanaise de 1926, Henri Hélou appartient à un courant de pensée libéral et dit vouloir "restaurer le dialogue et le partenariat entre tous". "Nous sommes fiers de présenter un candidat de dialogue, un candidat de la modération, un candidat (acceptable) par tous, qui fait partie d'une célèbre lignée de dialogue, de modération et d'ouverture", a affirmé à la presse M.Joumblatt. La décision de Walid joumblatt de mettre en avant Henri Hélou est survenue la veille du premier tour au Parlement où les postulants n'ont pas obtenu la majorité des deux tiers pour être élus, alors que la majorité absolue est requise pour les tours suivants. Cette élection présidentielle intervient au moment où le Liban subit les lourdes conséquences de la guerre qui ravage la Syrie voisine. Le Liban, accueille plus d'un million de réfugiés syriens sur une population de 4 millions, soit un habitant sur quatre. Pour ce petit pays méditerranéen, les conséquences de la guerre en Syrie s'élèveront à 7,5 milliards de dollars fin 2014.